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Critique de Bobby_The_Rasta_Lama


"Le bateau coule : terminus ?
Non, j'ai un radeau Platipus !"

Savez-vous planter les choux ?
Aimez-vous les languissants chants bardiques de la toundra ?

Il n'est jamais évident de parler de ces ouvrages destinés au public de "9 à 99 ans", et j'ai presque envie de vous dessiner une boîte et dire que la critique du "Radeau de la sardine" est enfermée dedans. Mais ici on ne peut pas dessiner, il va donc falloir broder... à l'aide de mots.
Il faut dire que certains sont très doués pour ce genre de broderie, et Antoine Volodine en fait incontestablement partie. Même s'il cède temporairement ses fils et ses aiguilles phosphorescentes à Manuela Draeger. Après tout, ce fabuleux corpus post-exotique est une sorte d'oeuvre mono-collectif, où Volodine brode les motifs principaux à partir de matériaux recyclés, tandis que ses avatars - Draeger, Bassmann, Kronauer - viennent les embellir par des détails supplémentaires.
Avec chaque nouveau livre ajouté aux lectures précédentes, on réalise à quel point tout cela est lié, et on commence à apercevoir de plus en plus nettement les trames de cette géante tapisserie-monde post-exotique de quelques 49 millions de kilomètres carrés, dont les contours flous se perdent aux confins du bardo.

"Le radeau de la sardine" fait parti du cycle des enquêtes de Bobby Potemkine et de sa grande amie Lili Nebraska. le style simple d'un conte pour enfants déstabilise quelque peu au début, mais on se laisse vite prendre au jeu et on finit par avaler cette histoire aussi facilement qu'un chou à la crème, si ce n'est pas un chou romanesco, un chou de Bruxelles, un chou inuit couleur indigo ou n'importe quel autre chou.
Parlant de choux, il ne faut évidemment pas oublier les hiboux, même si Zori Platipus, ancien hibou de traineau reconverti dans le commerce de radeaux, se prend plutôt pour un crabe laineux. Mais, crabe ou hibou, il fera inévitablement trembler les genoux de Volgone Krof, ex-bucheronne qui anime le fameux atelier "Connaissance du Chou". Et vice-versa. On peut donc affirmer sans rougir qu'on a là une grande histoire d'amour au bord d'une mer gelée, dans le décor d'archaïques stations de service et de bâtiments détruits par une météorite. N'est-ce pas chou ?
On pourrait aussi se demander pourquoi il s'agit d'une "enquête"...
Eh bien, quand Lili Nebraska accorde son violon pour entonner - en compagnie de Volgone et de deux louves arctiques - les chants nostalgiques de la toundra sous les lueurs blafardes des réverbères, à chaque fois le son de la musique commence à faiblir, faiblir... pour finir par disparaître complètement.
Qui est ce mystérieux "voleur de sons" ?
Peut-être que l'énigmatique sardine qui accompagne le radeau de Platipus en sait quelque chose ? Il est tout aussi possible que la réponse se cache dans le chou... à vous de le découvrir.

Un drôle et charmant conte poétique (qui me fait penser, peut-être à tort, à l'île des Zertes de Claude Ponti, balayé par un souffle glacial de la toundra), à lire seul, avec vos enfants, ou même vos grands-parents. Toute la beauté du monde cachée dans la musique, amour, amitié et connaissance du chou, quoi demander de plus ?

Dernière question : que pensez vous de l'indigo ? C'est une couleur dont on ne parle pas assez, je trouve.
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