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Ce livre me laisse une impression très mitigée. J'ai bien aimé les récits, le photographe rend bien les atmosphères des conflits qu'il couvre (Rwanda, Bosnie, Afghanistan, Irak), tous plus terribles les uns que les autres. Les personnages qu'il décrit sont bien choisis
J'ai bien aimé aussi l'histoire de Jeanne et Gilles, qui découvrent les carnets de route du photographe. Jeanne, en tant qu'humanitaire, a la connaissance des zones de conflit, ce qui lui permet de comprendre pleinement le récit du photographe.
Mais je n'ai pas adhéré du tout aux descriptions grandiloquentes des fameux clichés posthumes rapportés des zones de conflit. D'une part parce que c'est long et fastidieux, d'autre part parce que je ne peux imaginer un photographe de guerre composer un tableau macabre comme il le fait. J'avoue avoir lu en diagonale les pages qui en parlaient.
Au final, ces fameux clichés censés immortaliser l'oeuvre du photographe, gâchent la crédibilité du livre.
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Lors de la rentrée littéraire de septembre 2019 est paru au Cherche midi l'ouvrage La Vie silencieuse de la guerre, signé Denis Drummond.

J'avais très envie de le lire, et aussi un peu peur. Pas parce qu'il parle de guerre, non ça je commence à avoir l'habitude je crois. Mais parce qu'il s'agit de pays dont je ne sais pas grand chose, hormis le Rwanda.
C'est ce qui m'a lancé.

Ce livre met en scène trois protagonistes : Enguerrand, Jeanne et Gilles.

Tout commence avec une lettre du premier. En s'adressant à Jeanne, Enguerrand lui demande de contacter un galeriste et de regarder avec lui des négatifs ainsi que son journal et ses notes.

Le roman se divise en 5 parties, les quatre premières sont centrés sur un pays différent, un pays dans une situation délicate, un pays à feu et à sang.

Rwanda, Bosnie-Herzégovine, Afghanistan, Irak.

Les voyages s'étendent sur 9 ans, 1994 pour le Rwanda, 2003 pour l'Irak.
Et à chaque fois, on retrouve un Enguerrand fidèle à lui-même et en même temps toujours plus entamé par les horreurs de la guerre.


Mon avis est en intégralité :

Lien : http://allaroundthecorner.bl..
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Enguerrand, journaliste de guerre, est porté disparu. Il avait prévu cette dramatique éventualité et a fait transmettre à son ancienne compagne son journal, ses lettres et quatre négatifs inédits. Jeanne travaille pour le Haut Commissariat aux réfugiés et elle connaît ce qu'Enguerrand a observé, le terrible visage de la guerre. « Il n'eut le temps que d'un seul cliché, celui de tous ces regards tendus dans la même direction, exprimant le même saisissement, la même terreur, au point d'effacer toute singularité, exprimant une attraction et un effroi comme s'ils percevaient ensemble, au même moment, avec la même intensité, que la guerre invente des horreurs. » (p. 5) Jeanne partage avec Gilles, propriétaire d'une galerie photo à Paris. Ensemble, ils lisent le journal d'Enguerrand et le suivent dans les conflits du Rwanda, de Bosnie, d'Afghanistan et d'Irak. Et ils développent les photos que personne n'a vues avant eux. Avec ces quatre clichés, Enguerrand propose une vision nouvelle – terriblement dérangeante – de la guerre. Une évidence s'impose à Gilles et Jeanne (?) : il faut exposer ces photos, les replacer dans le travail photographique d'Enguerrand et montrer ce qu'il a inventé. « Il s'agit bien de la guerre en ce qu'elle échappe à nos regards. » (p. 22)

L'auteur fait explorer à ses personnages quatre conflits que personne n'ignore, pour les avoir traversés ou les avoir vus sur papier glacé, ou papier glaçant peut-être... Car les plaies du monde ne se referment jamais. « La guerre nous apprend des choses qu'on ne sait pas retenir. » (p. 33) Au-delà du journalisme de guerre et de la photographie, c'est presque un art nouveau qu'Enguerrand invente. Et tout le talent de Denis Drummond est de décrire les photos sans les montrer, en les nourrissant de références universelles. Notre imagination fait tout le travail et ce qu'elle produit est aussi sublime qu'atroce. Nous aurions envie de voir ces photos majeures, mais pourrions-nous vraiment le supporter ? Alors que Paris est sous la neige, l'ampoule rouge du studio de développement révèle la dimension mythologique et religieuse de la composition photographique, puissamment symbolique. « Gilles repensait à ce qu'écrivait Enguerrand dans sa lettre sur le silence visuel de la photographie, ce coup d'arrêt donné par la fixité de l'image, comme une musique énigmatique qui s'adresse à l'oeil et lui permet d'entendre le mutisme des choses. » (p. 192)

Je découvre Denis Durmmond avec ce roman et c'est un uppercut ! La délicatesse avec laquelle il dépeint la fragilité des enfants démultipliée par la violence et la mort est remarquable. Me voilà pour longtemps sonnée par ce très beau texte.
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4 négatifs pour décrire quatre guerres contemporaines...Quatre photos et un petit mot destiné à Jeanne "Je pars demain pour Damas. Voilà tant d'années que je ne suis pas allé voir la guerre pour montrer son visage. Et j'ai peur, de nouveau, depuis ce que j'ai vu au Rwanda, peur de ne pas réussir à capter son regard, peur de ne faire que des instantanés qui ne montrent pas la guerre et ne représentent que ses fruits" des conflits qui se nomment Rwanda, Bosnie, Afghanistan,Irak...
4 photos afin que Jeanne se souvienne de leur rencontre, de leur amour. Jeanne est elle aussi une femme engagée, elle travaille au HCR. Dans la lettre qui accompagne les 4 photos, il lui demande de les transmette à Gilles qui tient une galerie. À ces 4 photos est joint journal tenu par Enguerrand, le photographe alors qu'il couvrait ces conflits.
Pour chacune d'elles, il a rédigé un texte décrivant dans le détail la scène, les conditions de prise de vue, le moment de la scène. Il ne "mitraille" pas : chacune est une composition unique voulue et réfléchie, certes un instantané, mais révélant tant de messages, presque une peinture chargée de symboles, un peu comme ces peintures de Picasso, Velasquez...que l'auteur prend pour référence.
Chacune d'elles est une composition voulue et réfléchie, certes un instantané, mais révélant tant de messages, presque une peinture chargée de symboles, un peu comme ces peintures de Picasso, Velasquez...que l'auteur prend pour référence. On ne regarde, ni ces peintures ni ces photos, en vitesse...non on s'arrête ému et pensif devant les messages portés par chacune d'elles.
Nous avons tous en mémoire ces photos résumant à elles seule l'horreur d'un conflit, la douleur d'une gamine brulé au napalm, celle d'une autre gamine s'enfonçant inexorablement dans la boue, le regard d'un soldat qui va mourir....
Cette lecture n'est ni simple, ni facile.....l'oeil et la pellicule d'Enguerrand ont vu tant de douleur, tant d'ignominies et de violences :"Il tente de capter l'horreur, de révéler la dévastation, d'informer"...L'auteur ne ménage pas le lecteur, loin de là, celui-ci en sort bousculé après avoir reconstitué chacune des scènes, chacune des photos. Très beau travail de précision de la part de l'auteur.
Je n'ai pas pu lire ce livre, cette lecture de journaux de quatre conflits, sans garder présent à l'esprit, cette manifestation annuelle consacrée à la photo dans la ville voisine de la mienne, Perpignan, qui propose le festival "Visa pour l'image". Festival pour lequel je consacre presque chaque année une journée de visite, parcourant la ville, de salle en salle, allant de la beauté vers l'horreur.
Et quand on a vu une seule fois ces images de guerre, de violence, ces images pensées et réfléchies par les photographes, mais prises sur le vif on ne peut qu'être interpellé et admiratif devant la précision de chacune d'elles, devant les messages transmis par un regard halluciné ou de peur d'un soldat ou d'une gamine. Admiratif devant la précision de ce texte de Denis Drummond
Festival qui ne peut laisser personne indifférent, comme cette lecture qui m'a remué.
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Ce n'est pas une lecture simple, ni simpliste, le sujet est grave mais abordé d'une manière que j'ai particulièrement apprécié.

À travers quatre clichés, nous découvrons l'histoire d'un photographe de guerre et de son travail. le prisme de la guerre saisit sur un instant présent, avec les interprétations que cela engendre, donne à ce livre, une saveur particulière, malgré un sujet dont l'horreur nous touche.

Quatre photos, quatre conflits contemporains : Rwanda, Bosnie, Afghanistan, et Irak. Un déroulé qui colle à la chronologie et qui nous remet en mémoire les sensations à l'instant T.

Je n'étais pas insensible à ces conflits, cette lecture a tout fait remonté à la surface et je dois dire que cela m'a chamboulé.

Je me suis remémoré ces sentiments d'horreur qui m'avaient saisis au moment où les informations nous « balançaient » les images… Nous sommes toujours dans le visuel, mais sous un angle bien différent. Ici, les photos d'un journaliste de guerre sont décortiquées et prennent tout leur sens.

Jeanne, l'ex-compagne d'Enguerrand, photographe de guerre récemment tué à Alep, transmet à Gilles, un galeriste sur Paris, le testament d'Enguerrand, sous forme de quatre enveloppes et autant de négatifs photos pour raconter les conflits et cette violence. Enguerrand, connaissait les limites de son métier de photographe et doutait de l'impact qu'elles pouvaient avoir. À travers ces clichés pris sur le vif, il voulait « montrer les yeux de la guerre dans le regard de Dieu ».

Quatre parties, quatre journées, chacune centrée sur la découverte d'un cliché. Celle du Rwanda rappelle l' « Annonciation », où la Vierge n'a pas de tête. Celle de Bosnie, un ex-voto, emprunte aux « Ménines » de Vélasquez. Celle d'Afghanistan est un sténopé, une « camera obscura ». Et la dernière, celle d'Irak, rappelle le « Guernica » de Picasso, où un cheval agonit et une mère à l'enfant mort apostrophe le ciel assassin.

Chaque développement, donne lieu à une description détaillée, agissant comme un révélateur posthume.

Le procédé narratif peut sembler lourd, puisque chaque personnage apporte ses impressions, c'est comme une balle que chacun renvoi à l'autre, mais il serait dommage de passer à côté de cette lecture, où le sacré et l'art s'imbriquent d'une manière assez poétique, malgré la gravité du sujet.

J'ai aimé les phrases, la construction, mais il m'a manqué un peu d'émotion pour que cette lecture puisse me bouleverser.

L'auteur s'est attaché à la perception, au ressenti, face aux images chocs et le pouvoir qu'elles ont sur l'être humain tout en mettant en exergue le négatif et le positif… À l'image de ces photos…
Lien : https://julitlesmots.com/202..
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Jeanne, reçoit une enveloppe d'Enguerrand, son amour perdu, photographe de guerre mort en Irak. Cette enveloppe contient des lettres du Rwanda, de Bosnie, Afghanistan et d'Irak, mais aussi quatre clichés qui sont plutôt quatre tableaux photographiés inspirés des chefs d'oeuvre de la peinture.
Au-delà de la découverte de ces lettres et de ces clichés qui nous tient en haleine, ce roman est une très poignante évocation de la guerre, de son atrocité, mais surtout de sa parfaite négation de la vie, de ce pourquoi l'être humain peut avoir été créé, s'il existe un dessein à la création humaine :
« Une fois les militaires partis, la forêt se figea dans un silence qu'aucun d'entre nous n'avait jamais entendu, un silence comme un cri qui ne sort pas, lourd, épais, celui qui accompagne l'inclinaison du monde devant l'abandon de Dieu »
Un très beau roman, qui nous fait osciller entre la dureté des descriptions de la guerre et la beauté des interprétations artistiques de ces quatre clichés.
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A reçu un Prix SDGL 2019…
le point fort du roman est d'aborder la guerre par le point de vue de la photographie. Est-ce que l'image qu'on a des pays en guerre est vraiment ressemblante à la réalité ? Comment la photo peut transcrire l'horreur, la peur ?
La guerre n'est pas décrite par son aspect historique mais par des descriptions de sentiments et de la manière dont nous la ressentons à travers la photo.

C'est une écriture simple, rythmée, avec du style.

C'est un roman fort, terrible par le sujet, envoûtant, les mots suffisent voir les photos dans l'imagination du lecteur. Parce qu'une photo peut en dire beaucoup d'où mon amour pour les photoreporters de guerre !
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Un roman magnifique, traitant d'un sujet pourtant si horrible, su dur, si moche, la guerre, ce que les hommes en font et ce qu'elle est....
A travers le regard d'Enguerrand, photographe de guerre, et de son "oeuvre", et au travers de son journal lu par Gilles, galeriste à Paris et Jeanne, ex-compagne d'Enguerrand, on traverse 4 périodes terribles de notre histoire contemporaine, le Rwanda, Sarajevo, l'Afghanistan et l'Irak... Suite à sa mort à Alep, autre théâtre d'horreurs humaines, il "lègue" à Jeanne un paquet dans lequel se trouve son journal, des carnets et des clichés... Au fur et à mesure de la lecture de ce journal, Gilles va développer les clichés et Jeanne et lui vont les décrire alors au lecteur...
C'est extrêmement bien écrit, c'est, dans l'horreur, poétique, beau et travaillé, c'est aussi l'histoire de rencontres et de révélations. Une lecture passionnante, cultivé aussi car on part dans le monde des peintres et de la religion mais vraiment une magnifique découverte.
Si mon avis vous plait, je vous conseille vivement cette lecture!
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« La guerre nous apprend des choses qu'on ne sait pas retenir »
C'est le témoignage que nous livre Denis Drummond, à travers le regard et l'objectif de son personnage, le photo reporter Enguerrand, disparu en laissant à la femme qu'il aimait un mystérieux et terrible témoignage des combats qui font rage aux quatre coins du globe. En découvrant pas à pas ces magnifiques et dramatiques clichés, nous suivons le regard horrifié d'Enguerrand du Rwanda à la Bosnie, de l'Irak à l'Afghanistan : enfants enfouis sous la vase des marécages, enfants monstres devenus sniper après le massacre de leur innocence, jeunes soldats dessinant des étoiles sur leur treillis pour échapper à la folie, seigneurs de guerre dans l'or de leur palais au milieu des décombres, les images d'Enguerrand sont les pièces d'un puzzle qu'il faudra reconstituer. Dans ce monde où « survivre est une grâce du diable », heureusement il y a l'amour.
Un livre dense, une écriture exigeante dont la poésie éclaire la gravité du sujet.
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"La vie silencieuse de la guerre" est un roman intrigant. On le lit d'un trait. On ne veut plus le lâcher pour aller au bout du questionnement.
La fin nous apaise et nous éclaire. A lire absolument.
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