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Critique de micky05


Appelé par Babélio pour la critique du livre de Dominique Pagnier « le Cénotaphe de Newton » il m'a semblé intéressant de lire le deuxième livre proposé à d'autres critiques « Ils vont tuer Robert Kennedy ». Le propos m'a semblé passionnant a priori puisque j'ai vécu cette période des grands assassinats perpétrés aux États-Unis : Martin Luther King, JFK, RFK etc. Mes souvenirs étaient vifs encore et j'ai trouvé cette lecture stupéfiante tant elle collait à ce que j'avais vécu et ressenti dans ces moments là. Malgré le côté compilation — il s'agit bien d'informations car encore aujourd'hui vérifiables — le propos est passionnant et tous ces événements, les contresens et les contradictions des versions officielles ne m'en sont que mieux réapparues.
L'auteur agrège à cette véritable reconstitution une fiction dans laquelle il fait intervenir ses parents et lui-même. L'intérêt retombe dans ces parties, tant les événements de l'époque auraient pu se suffire à eux-mêmes. Mais on comprendra à la fin du roman le sens que prend cette pseudo autobiographique dans le récit.
Traité de conspirationniste Marc Dugain ouvre un contre-feu en montrant comment la conquête des esprits a été et est toujours à l'ordre du jour chez les grandes centrales de renseignements que sont la CIA et le FBI. le chapitre 24 relate l'interrogatoire de Sandra Serrano témoin lors de l'assassinat de R.F.K. par le sergent Enrique Hernandez, seule personne affectée au détecteur de mensonges pour cette enquête criminelle. Avec beaucoup de maladresses il tente de faire dire à la jeune fille de 19 ans qu'elle n'a pas vu ce qu'elle a vu, que la vérité est écrite par les puissants et pas par notre objectivité. Elle reviendra dans un premier temps sur son témoignage puis à nouveau expliquera qu'elle a été traitée d'une manière infâme et qu'elle maintient ses déclarations.
Marc Dugain va être extrêmement adroit en relatant dans le dernier chapitre (27, avant l'épilogue) comment son psychiatre essaya de lui faire croire à un profond traumatisme psychique qui l'aurait entraîné vers une paranoïa, l'amenant à imaginer le complot contre Robert Kennedy. Si la méthode semble plus douce, l'intention est la même : faire croire que « la théorie du complot » relève de la folie.
Tous les jours la coercition de cet anathème atteint des gens de bonne foi. Après l'assassinat de J.F.K. on pouvait parler en France du rapport Warren et critiquer ses conclusions. Il y avait les pour et les contre qui se traitaient de « pro ou anti-américains », dans les deux camps, mais on se respectait et radios, journaux et télévision en discutaient. J'avais 16 ans en 1963. Quelle époque ! Six ans plus tard je suis allé aux États-Unis et bien sûr je me suis recueilli au cimetière d'Arlington sur la tombe des deux frères. De nombreux noirs étaient présents et à l'époque je ne comprenais pas pourquoi ils étaient plus nombreux du côté de celle de Robert. J'ai librement discuté avec les Américains de cette question mais ne sachant pas à quoi m'attendre, j'ai commencé à parler d'Oswald et du rapport Warren. Ils m'ont ri au nez, me déclarant : « Il faut être frenchie pour dire cela. Aux États-Unis tout le monde sait que c'est la CIA qui a assassiné Kennedy ».
La déclassification récente par la CIA de certains documents s'est avérée très décevante. Seule une partie d'entre-eux est accessible et ils reprennent malheureusement un rapport qui a montré sa faillite. C'est un droit de pouvoir dire sans être montré du doigt ou insulté que l'on n'accepte pas de contribuer à une manipulation des esprits. Merci à Marc Dugain pour sa collaboration à cet effort contre la paresse intellectuelle qui nous envahit chaque jour un peu plus. On peut mesurer le recul de la pensée critique en Occident aujourd'hui.
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