Le Destin de Clara

Tous les prétextes étaient bons pour aller sur internet, relire pour la millième fois quels étaient les signes précoces de grossesse, regarder des vidéos sur le développement du fœtus semaine par semaine, les différents examens de contrôle à subir, le top 100 des prénoms masculins et féminins en France pour 2013, j’ai même regardé les pyjamas de naissance et la layette disponible dans les grands magasins. J’ai calculé ma date prévue d’accouchement et fait le test chinois pour connaître le sexe de mon futur enfant.

C’est le problème avec les menteurs et les tricheurs de tous poils : on n’arrive plus à faire confiance parce que l’on sait très bien comment cette confiance peut-être bafouée. On devient paranoïaque, se demandant si l’autre ne ferait pas ce que nous sommes nous mêmes en train de faire.

J’adore courir. Si j’avais su à quel point courir faisait du bien, cela ferait longtemps que je m’y serais mis. Cette sensation d’épuisement intense qui s’empare de moi, doublée d’un profond bien être et de cette diffusion d’endorphines, est devenue ma nouvelle et meilleure drogue.

Si seulement notre vie d’avant pouvait reprendre, celle du temps de l’innocence, de la simple joie d’être ensemble. Clara est une très belle femme et je l’ai un peu oublié. Je fantasme sur d’autres femmes et j’oublie de regarder la mienne. Ce n’est pas très logique.

D’ailleurs, je n’aimais pas rentrer à Paris, retrouver la grisaille de la ville et ses pigeons malades, le quartier de la Défense où Labo Syntec nous parquait comme des troupeaux de moutons décérébrés, dans des bureaux qui ressemblaient à une prison.