A ceux qui ne font pas semblant de vivre malgré la cruauté du monde. Toute vie est faite de plusieurs routes et d'inévitables détours. Certains choisissent la voie la plus directe. D'autres se perdent sur le chemin du péché, d'autres encore l'empruntent jusqu'au bout. Il arrive qu'on trouve la voie de la rédemption.
C’est drôle, on nous qualifie de fous, et pourtant, ne faut-il pas être complètement insensé pour craquer sur un type comme moi ?
— C’est Ryan, pas Russel. Tiens, lance mon frère, qui arrive du couloir et lui agite un billet de cent dollars sous le nez.
— C’est quoi, ça, bordel ? réplique-t-elle en attrapant l’argent. Je suis pas une prostituée, merde !
Elle ramasse son haut à terre et l’enfile par la tête. Il lui couvre tout juste les seins.
— Et si c’était le cas, je te prendrais plus que ça pour toutes les saloperies que je t’ai laissé me faire. Je vais mettre des semaines avant de remarcher normalement, connard.
Elle toise mon frère d’un air furieux.
Je me passe la main sur les yeux. Je suis épuisé.
— Super, ben c’est gratos, alors, conclut Ryan, qui lui reprend le billet des mains. Je ne te retiens pas.
Cette nana ne connaît même pas son prénom, et elle s’offusque qu’il la traite comme une pute ?
— Espèce de sale trouillard. Tu pourrais au moins me faire face, si tu dois me tuer, lâché-je d’une voix rauque tandis que l’ultime réserve de courage m’abandonne.
Pas question de mourir en geignant, c’est justement ce qui fait jouir ces détraqués. Alors, il n’aura pas mes pleurs. Je les lui refuse.
- Tu ferais bien de t'en souvenir, Puya.
J’ai besoin qu’il me dise que nous sommes faits l’un pour l’autre. J’ai besoin de savoir qu’il m’aime aussi profondément, que moi, je l’aime.
– Est ce que je suis a toi Blake?
Il me prend le visage entre ses paumes et approche mes lèvres des siennes en chuchotant:
-Je sais que si un autre homme te touche, je le tue. Je sais que je n’ai plus envie de pénétrer aucune autre femme quand j’ai la perfection de ta soie.
Voilà qui est romantique. Plus ou moins. Il faut juste qu’il retravaille la formulation.
Je range mon téléphone et aperçois mon sourire dans le rétroviseur. Je l'aime bien, ce Ryan. Depuis que je suis à la fac, je pense que c'est la première personne dont je vais apprécier la compagnie.
Elle bondit de son siège pour venir m'envelopper de ses bras. Partager son chagrin, ça resserre les liens, apparemment.
- Je n'accorde pas facilement de l'empathie, Melody. En fait, c'est même une émotion inédite pour moi. Je sais que tu souffres. Mais, si les gens te montrent de la compassion, c'est pour te signifier qu'ils ressentent ton chagrin, qu'ils le partagent avec toi, que tu n'as pas à le porter seule.
- Tu as raison, bébé. Je suis un homme, un vrai. Lui, ce n'est qu'un gamin.