– Vous êtes donc blessé plus que vous ne
paraissez l’être et vos douleurs sont donc bien
vives, que vous pleurez ainsi ? demanda Bertha.
En ce cas, montez, soit sur mon cheval, soit sur
celui de ma sœur, et nous allons, Mary et moi,
vous reconduire jusque chez vous.
Mais le jeune homme fit de la tête un signe
vivement négatif.
– Voyons, dit Bertha insistant, c’est assez
d’enfantillage. Nous vous avons offensé ; mais
pouvions-nous supposer que nous trouverions
sous votre veste de chasse l’épiderme d’une jeune
fille ? Voyons, nous gardez-vous rancune ?
– Non, mademoiselle, répondit le jeune
homme, et c’est contre moi seulement que je suis
de méchante humeur.
– Pourquoi cela ?
– Je ne sais que vous dire... Peut-être ai-je
honte d’avoir été plus faible que vous, moi qui
suis un homme ; peut-être encore suis-je tout
simplement tourmenté par cette idée de rentrer à
la maison... Que vais-je dire à ma mère pour
expliquer cette blessure ?
Monsieur, dit-il, retenez bien ceci : en guerre civile, tout sang inutilement versé est plus qu'un crime, c'est une faute.
La liberté, mon cher cousin, c'est l'abandon que chacun fait, au profit de tous, de son indépendance personnelle.