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Critique de Lamifranz


Le XVIème siècle, si riche en évènements tragiques et en intrigues de toutes sortes, est une aubaine pour un romancier. Et quand ce romancier s'appelle Alexandre Dumas, imaginez comment il se frotte les mains ! Seul ou (bien) accompagné, c'est près d'une vingtaine de textes divers (romans et chroniques) qu'il a concoctés pour notre plus grand plaisir : parmi les romans, la « Trilogie des Valois » est de loin la plus connue, (« La Reine Margot », « La Dame de Monsoreau », « les Quarante-Cinq »), mais d'autres romans sont très conseillés : « les deux Diane », « le Page du duc de Savoie », « l'Horoscope ».
L'horoscope, à cette époque était une pratique très courante : de nombreux astrologues se faisaient une spécialité de cette divination d'une fiabilité souvent contestable. Mais des personnages singuliers comme Nostradamus ou Ruggieri (évoluant comme par hasard autour de Catherine de Médicis) y ont gagné leur réputation.
Ici ce n'est pas d'un grand personnage que vient la prophétie mais d'une humble bohémienne. Nous sommes en 1559, l'auberge du Cheval-Rouge à deux portées d'arquebuse de la ville de Saint-Denis. Trois grands seigneurs, le Prince Louis de Condé, le maréchal de Saint-André et le duc de Guise, se font dire la bonne aventure. Tous trois doivent être assassinés. Et le hasard veut que dans la même auberge leurs trois assassins, Poltrot de Méré (assassin du duc de Guise en 1563), Montesquiou (assassin de Louis de Condé en 1569 ) et Baubigny de Mézières (assassin du maréchal de Saint-André en 1562) reçoivent la même sinistre prophétie. le roman suit donc ce fil conducteur, tout en développant une intrigue romanesque qui par instant frôle même le vaudeville : on y voit en effet deux rivaux cachés sous le même lit, une situation à la Feydeau, avant l'heure ! C'est la fille du maréchal de Saint-André, Charlotte, aimée par le prince de Condé, qui est au centre de toutes ces intrigues qui dégénèrent en quiproquos. Cela pourrait tourner à la comédie, si l'on n'était pas en plein milieu des guerres de religion.
« L'Horoscope » est donc un petit roman savoureux où fleure bon l'humeur gaillarde du XVIème siècle. le ton est somme toute léger. Dumas n'a pas son pareil pour mener de front deux intrigues qui s'entrecroisent : le drame historique, et l'histoire d'amour. Comme à son habitude, le dialogue est enlevé, spirituel et les situations s'enchaînent sans temps mort : parfois pathétiques ou tragiques, elles peuvent être également d'une extrême cocasserie.
Petit bémol : comme il arrive parfois dans certains romans de notre auteur, la fin semble finir en queue de poisson, on attend une suite… qui ne vient pas. Sans être véritablement du bâclage, on ne peut que regretter cette façon de faire, imputable certainement aux impératifs du roman-feuilleton. Mais cela n'enlève absolument rien au plaisir qu'on prend à lire cet ouvrage, il est même possible que Dumas, malin comme il est, se serve de cet incident pour nous donner rendez-vous dans d'autres romans, écrits ou à écrire. de nos jours, on appelle ça fidéliser le lecteur.
Parmi les milliers d'auteurs qui peuplent notre littérature plusieurs fois centenaire, il en est peu qui aient acquis, au cours des siècles, un si belle popularité, ni recueilli autant d'amour : ça ne s'explique pas, mais, qu'on le veuille ou non, on ne peut pas ne pas aimer Alexandre Dumas.
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