A une époque où la taille du matériel de prise de son et le bruit des machines clouent les machines au sol, Meurtres (Murder !, 1930) s'avère riche en expériences cinématographiques. Dès les premiers plans, un travelling balaye la foule immobile qui regarde une femme assassinée sur le sol. La caméra passe lentement et péniblement d'un visage ou d'un corps à l'autre, puis redescend le long du bras de la meurtrière jusqu'au tisonnier et au corps sans vie. Hitchcock invente là une manière de filmer dont l'écho se fera ressentir jusque dans l’œuvre de Martin Scorsese et de David Lynch.
Selon Robin Wood, "la morale complexe et déconcertante d'Hitchcock, dans laquelle le bien et le mal semble imbriqués au point d'être presque inséparables,...insiste sur l'existence d'instincts malfaisants en chacun de nous", Hitchcock nous faisant "sentir, peut-être pas à un niveau tout à fait conscient (cela dépend du spectateur), l'impureté de nos propres désirs". Nous ne nous contentons pas de regarder ses films, nous y prenons part.
Dans L'Interprétation des rêves, Sigmund Freud écrit : "Les rêves de chutes sont le plus souvent liés à l'anxiété." Hitchcock doit avoir un tempérament très anxieux, car comme le remarque James Walcott, "Parmi tous ses thèmes et ses traits caractéristiques (escaliers, clés, oiseaux), celui qui m'intrigue le plus est sa fascination pour la chute. Les chutes à pic constituent ses crescendo dramatiques."
« Hitchcock adore jouer avec les conventions du thriller. Au lieu de situer les scènes de meurtres et de suspens dans des décors sombres et déserts, il préfère la lumière, la foule et les situations cocasses où le crime peut être perpétré au vu et au su de tous. Le méchant se doit d’être un bon père de famille. « Je pense que le meurtre doit se dérouler par une belle journée d’été au bord d’un ruisseau gazouillant », déclare Hitchcock qui ajoute : « Lors d’une fête, le convive le plus enjoué pourrait bien être un psychopathe. »
« Le génie d’Hitchcock en tant que cinéaste réside dans sa capacité à visualiser ses peurs et ses désirs les plus enfouis et à les transformer en cauchemars qu’il projette à l’écran. C’est précisément parce que nombre de spectateurs partagent ces craintes et ces désirs inconscients qu’Hitchcock conservera longtemps encore une place à part dans la conscience collective. »
"Je pense que le meurtre doit se dérouler par une belle journée d'été au bord d'un ruisseau gazouillant" déclare Hitchcock qui ajoute " Lors d'une fête , le convive le plus enjoué pourrait bien être un psychopathe"