AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de metreya


J'ai lu le roman de Clara Dupont-Monod, La révolte, qui essaye de nous raconter l'histoire de cette famille, et surtout celle d'Aliénor et de Richard, son fils préféré, à partir des années 1173, quand les fils d'Henri Plantagenêt se révoltent contre leur père.
C'est en fait le roman d'Aliénor, une reine de France et d'Angleterre, dont la stature et la puissance, à une époque où les femmes surtout aristocrates ne jouaient aucun rôle dans la société, ont frappé le monde et détonnent toujours dans le cours de l'Histoire occidentale.

« Sa robe caresse le sol. À cet instant, nous sommes comme les pierres des voûtes, immobiles et sans souffle. Mais ce qui raidit mes frères, ce n'est pas l'indifférence, car ils sont habitués à ne pas être regardés ; ni non plus la solennité de l'entretien – tout ce qui touche à Aliénor est solennel. Non, ce qui nous fige, à cet instant-là, c'est sa voix. Car c'est d'une voix douce, pleine de menaces, que ma mère ordonne d'aller renverser notre père. »

Le « roman » ou plutôt la biographie romancée est en fait un dialogue indirect entre la mère et le fils, qui nous racontent les évènements tragiques, les batailles, les guerres, les croisades, qu'ils traversent de concert.
Comme souvent dans ce genre d'exercice, celui ou celle qui compte faire un roman de l'Histoire a beaucoup de mal à s'extraire du terreau des faits. N'est pas Alexandre Dumas qui veut ! C'est très compliqué de raconter les vies de personnages réels, surtout aussi célèbres, sans faire une énième biographie et en essayant tout de même d'y introduire quelques éléments romancés. Cela intervient ici sous la forme de dialogues imaginés, entre la mère et le fils. Mais nous lisons surtout les pensées de ces deux personnages : voilà qui est plus aisé à se représenter. Des pensées : personne ne saura ce qui se passait dans leurs âmes. On peut donc tout supposer. Sauf que c'est périlleux, quand on fait s'exprimer des êtres humains qui ont vécu dans une tout autre civilisation que la nôtre. Comment ne pas sentir l'anachronisme des paroles romancées ? Et pour le coup, l'auteure ici n'y parvient pas.

En fait, mon avis sur ce livre est on ne peut plus critique. Tout d'abord parce que c'est mal écrit… comme souvent à notre époque, nous avons là quelqu'un qui veut faire du « style », mais qui n'y arrive pas. Je reviens toujours à mon constat et je défends plutôt la plume d'une autre auteure qui s'est elle aussi essayée au roman historique médiéval : je veux parler de Carole Martinez (https://www.babelio.com/auteur/Carole-Martinez/21307). Voilà des livres pleins de poésie, de beauté littéraire et de finesse de style. Clara Dupont-Monod est beaucoup plus lourde. Les phrases sont hachées sans que l'on sache pour quoi faire. On a l'impression de lire les notes qu'elle a prise en lisant elle-même des livres d'Histoire. C'est pâteux et grossier. le sujet méritait mieux.
Mais surtout il manque un souffle épique à ce roman ! Enfin quoi… les Plantagenêts ce sont les Atrides mycéniens ou les Labdacides thébains du Moyen Age angevins. C'est tragique, c'est sanglant, c'est glaçant. Ce sont des personnages hors du commun qui méritaient mieux que ce petit livre qui manque d'envergure et de puissance d'écriture.

Si vous voulez vous repaître de la vie des Plantagenêts, les voir s'écharper, s'aimer et se haïr, et profiter d'un vrai chef-d'oeuvre, je vous recommande plutôt de voir ou de revoir le Lion en Hiver, d'Anthony Harvey avec Peter O'Tool et Katharine Hepburn ! Katharine Hepburn ! Voilà une parfaite Aliénor d'Aquitaine. Cela a tout de même plus de classe, de panache que ce roman que je vais très vite oublier !
Lien : https://metreya.org/2018/11/..
Commenter  J’apprécie          50



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}