Communiqué de presse Ariane Gotlieb
Voici enfin le lauréat du tout premier prix Gotlib. Après une longue tempête sous les crânes de nos neufs jurés, la présidente Ariane Gotlieb que je suis est désormais en mesure de vous révéler le nom du gagnant d'une compétition ultra-serrée.
Pour mémoire, je vous présente à nouveau mes jurés : Alain Chabat, Antoine de Caunes, Clara Dupont-Monod, Albert Dupontel, Thomas Dutronc, Richard Gotainer, Catherine Meurisse, Eddy Mitchell, Zep.
Et donc le lauréat de cette première édition est :
MANU LARCENET et le 3ème opus Thérapie de Groupe "La tristesse durera toujours" aux éditions Dargaud.
En librairie : https://www.dargaud.com/bd/therapie-de-groupe/therapie-de-groupe-tome-3-la-tristesse-durera-toujours-bda5437110
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Si un enfant va mal, il faut toujours avoir un œil sur les autres. Car les bien portants ne font pas de bruit, s’adaptent aux contours cisaillants de la vie qui s’offre, épousent la forme des peines sans rien réclamer.
Dira-t-on un jour l’agilité que développent ceux que la vie malmène, leur talent à trouver chaque fois un nouvel équilibre, dira-t-on les funambules que sont les éprouvés ?
Dans les yeux de ma mère, je vois des choses qui me terrassent. Je vois d'immenses conquêtes, des maisons vides et des armures. Elle porte en elle une colère qui me condamne et m'oblige à être meilleur.
[…] la fragilité engendre la brutalité, comme si le vivant souhaitait punir ce qui ne l’est pas assez.
Bientôt, les parents parleraient de leurs derniers instants d’insouciance, or l’insouciance, perverse notion, ne se savoure qu’une fois éteinte, lorsqu’elle est devenue souvenir.
Quel drôle de monde où l’on apparente l’amour à un but, et quel dommage de ne pas comprendre qu’au contraire, l’amour c’est se noyer dans les yeux de l’autre, même si ces yeux sont aveugles.
(page 50)
Il ne regardait pas la montagne à la peau râpée, le dos planté d’un nombre infini d’arbres, fendue d’un torrent. Les yeux de l’enfant caressaient les paysages et les gens. Ils ne s’attardaient pas.
(page 12)
Chaque adulte devrait se souvenir qu'il est redevable envers l'enfant qu'il fut.
Ma mère est une femme sûre d'elle. Je lui fais une confiance absolue. Elle doit cette assurance à sa naissance, puisqu'elle est duchesse d'Aquitaine, élevée dans le luxe et les livres, nimbée du souvenir de son grand-père, le premier poète. Pour elle, la soie et le savoir ne font aucune différence. Très tôt, elle a géré ses fiefs d'une main ferme. Les rébellions des seigneurs, les récoltes, le tracé des frontières, le règlement des litiges… Aliénor aime gouverner et connait chaque ruelle du plus petit village de son Aquitaine. Car elle porte sa terre comme un bijou fondu dans sa peau.
Pourquoi fêter la fin de l'enfance ? On ne danse pas quand quelqu'un meurt !