Citations sur Antiféminismes et masculinismes d'hier et d'aujourd'hui (17)
La montée de la xénophobie et des thématiques anti-islam et anti-réfugiés joue sur la peur de perdre des acquis sociaux, de voir se dénaturer le mode de vie « occidental ». Et là l’antiféminisme fait une pirouette. Il ne s’agit plus de s’alarmer d’un féminisme qui serait allé trop loin ou de décréter le féminisme inutile, l’égalité étant déjà plus que réalisée, mais d’utiliser la cause des femmes contre l’ennemi
Pour les féministes, la tâche est double : il faut lutter à la fois contre le patriarcat et réfuter les représentations négatives du féminisme, produites par l’hétéronormativité et retransmises par les médias et la culture populaire
Pourtant, l’attention à la chronologie de masculinisme nous montre qu’il est aussi une guerre préventive et qu’il agit par anticipation, sur la base d’une prévisibilité assez grande des positions adverses qui s’inscrivent dans une logique politique, dans une vision du monde déjà connue
Sommaire :
Christine Bard : À contre vagues : introduction
1. Diane Lamoureux :L’antiféminisme comme conservatisme
2. Francis Dupuis-Déri : Proudhon, un anarchiste misogyne et antiféministe ou comment interpréter l’incohérence d’un auteur célèbre ?
3. Camille Cléret : L’antiféminisme d’Action Française (1898-1940)
4. Fiona Casey : L’antiféminisme familialiste-nataliste de l’entre-deux-guerres en France
5. Christine Bard : L’antiféminisme dans l’hebdomadaire d’extrême droite Minute ou l’intersectionnalité des haines
6. Héloïse Michaud : « Parce que mon copain me traite bien ». Étude du tumblr « Women against feminism »
7. Sara Garbagnoli : De quoi « le gender » des campagnes « anti-genre » est-il le nom ? Sur une contre-révolution straight et ses succès
8. Josselin Tricou : Le catholicisme d’identité contre la mixité
9. Table ronde avec Hanane Karimi, Anne Soupa, Liliane Vana et Marina Zuccon Animée par Florence Rochefort : Antiféminisme et religion
10. Édouard Leport : Usages des figures des enfants et des femmes par les associations pour le « droit des pères » Par Édouard Leport
11. Isabelle Côté et Simon Lapierre : L’aliénation parentale : un concept antiféministe ?
12. Hanitra Andriamandroso : La violence conjugale, cible privilégiée des discours masculinistes en France et en Espagne
13. Pierre-Guillaume Prigent et Gwénola Sueur : Stratégies discursives et juridiques des groupes de pères séparés. L’expérience française
14. Mélissa Blais : Effets des tactiques antiféministes auprès des institutions œuvrant contre les violences faites aux femmes. Le cas du Québec
15. Mélissa Blais et Francis Dupuis-Déri : Conclusion : Lutter contre le masculinisme
la recrudescence d'un discours anti-féministe qui reçoit l'écoute des médias et de certaines officines gouvernementales est à l'origine de l'insidieuse question "le féminisme est-il allé trop loin?" qui revient, comme par hasard, pratiquement tout les ans autour du 8 mars et qui trace la voie à cette autre question, lourde de sens: "le féminisme est-il encore nécessaire?" La répétition de ces questions a pour effet de minimiser, de banaliser, voire de nier les effets de la discrimination systémique et les différents types de violences et d'injustices que subissent encore les femmes, d'ici et d'ailleurs, en tant que femmes. Elle place également le mouvement des femmes constamment sur la défensive et monopolise ses énergies.
Nous vous invitons à découvrir différents visages de l’antiféminisme d’hier arrimés à un socle d’extrême-droite anti-républicain, ou au contraire en contradiction avec un idéal d’émancipation sociale (Proudhon)
L’altérisation consiste à définir un groupe social par rapport à un autre groupe social qui fait figure de référence ou d’étalon de mesure
Or, préférer écarter et oublier des propos gênants d’une pensée politique sous prétexte qu’il y a incohérence mine notre capacité à l’interpréter l’histoire des idées politiques, tout autant que l’actualité politique ainsi que notre propre façon de penser et agir en politique
Du point de vue des arguments mobilisés, la rhétorique « anti-genre » réactive et recombine des tropes récurrents du discours sexiste, antiféministe, homophobe et transphobe traditionnel, mais elle se caractérise par une dimension nouvelle – l’opposition à l’usage du concept de genre – et par le type de réplique mis en œuvre via la déformation et la diabolisation des positions et des théories adverses
Ce mélange inédit de sexisme, d’antiféminisme, d’homophobie, de xénophobie, d’islamophobie et de fémonationalisme dresse les contours d’un nationalisme sexuel qui excommunie du corps national, à la fois, les personnes homosexuelles et les personne musulmanes