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Citations sur Pour un catastrophisme éclairé (29)

Non, ce qui est ici en question est la critique du projet technicien qui caractérise la société industrielle.
J’entends par là la volonté de remplacer le tissu social, les liens de solidarité qui constituent la trame d’une société, par une fabrication ; le projet inédit de produire les relations des hommes à leurs voisins et à leur monde comme on produit des automobiles ou des fibres de verre.
(page 27)
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Résultat paradoxal : passés les seuils critiques, plus la production hétéronome croît, plus elle devient un obstacle à la réalisation des objectifs mêmes qu’elles est censée servir : la médecine corrompt la santé, l’école bêtifie, le transport immobilise, les communications rendent sourd et muet, les flux d’information détruisent le sens, le recours à l’énergie fossile, qui réactualise le dynamisme de la vie passée, menace de détruire toute vie future et, last but not least, l’alimentation industrielle se transforme en poison.
(page 26)
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Le catastrophisme éclairé consiste à penser la continuation de l'expérience humaine comme résultat de la négation d'une autodestruction - une autodestruction qui serait comme inscrite dans son avenir figé en destin. Avec l'espoir, comme l'écrit Borges, que cet avenir, bien qu'inéluctable, n'ait pas lieu
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Dans la métaphysique de la prévention, ce possible qu'aurait été l'hiver nucléaire reste, en tout cas, à jamais un possible, non pas au sens où il pourrait encore aujourd'hui être actualisé, mais au sens où il restera à jamais vrai qu'il aurait pu être réalisé.
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Cette émergence d'une objectivité, d’une extériorité par la clôture sur soi d'un système d'acteurs qui tous s’imitent, acquiert une vigueur accrue à mesure qu’augmente le nombre de ceux-ci. Les rumeurs les plus absurdes peuvent polariser une foule unanime sur l'objet le plus inattendu, chacun trouvant la preuve de sa valeur dans le regard ou l'action de tous les autres. Le processus se déroule en deux temps : le premier est un jeu de miroirs, spéculaire et spéculatif, dans lequel chacun guette chez les autres les signes d'un savoir convoité et qui finit tôt ou tard par précipiter tout le monde dans la même direction ; le second est la stabilisation de l'objet qui a émergé par oubli de l'arbitraire inhérent aux conditions de sa genèse. L'unanimité qui a présidé à sa naissance le projette, pour un temps, au-dehors du système des acteurs lesquels, regardant tous dans le sens qu’il indique, cessent de croiser leurs regards et de s’épier mutuellement
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L'avenir du système est prévisible mais les individus se sentent impuissants à en orienter ou réorienter la course, alors même que le comportement d'ensemble continue de n’être que la composition des réactions individuelles à la prévision de ce même comportement. Le tout semble s'autonomiser par rapport à ses conditions d'émergence et son évolution se figer en destin.
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Or il se trouve que dans des cas exceptionnels, qui constituent autant de dilemmes pour la réflexion éthique, la visée maximisatrice globale prescrit de transgresser les interdits et de se soustraire aux obligations de la morale de sens commun. Celle-ci, du point de vue du conséquentialisme, se trouve donc dans la position paradoxale d'avoir à refuser absolument ce qui, globalement, minimiserait le mal et maximiserait le bien, et ce au nom d'interdits et d'obligations qui n'ont pas d'autre justification que d'empêcher ce mal et de favoriser ce bien. “Tu ne tueras point”, soit. Mais si, en tuant un innocent, j’évite que vingt-deux autres innocents soient tués? Si vraiment je considère que le meurtre d'un innocent et une chose abominable alors l'interdit qui frappe le meurtre, dans ce cas, apparaît contraire à la raison. La morale traditionnelle (chrétienne, kantienne, déontologique) semble donc coupable d’irrationalisme. Elle refuse de “reculer pour mieux sauter”; elle n'accepte pas la logique du sacrifice ;elle rejette le principe du détour.
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Des productions que l'on s'accorde à juger superflues ou même nuisibles sont légitimées par le travail qu'elles fournissent à la population. A la réduction de la durée de vie des objets, aux gaspillages destructeurs de ressources naturelles non renouvelables, forts consommateurs d'énergie et grands pollueurs de l'environnement, personne n'ose remédier car ils garantissent l'emploi.
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La rationalité procédurale a du bon, sauf lorsqu'elle se construit au prix du renoncement à toute rationalité substantielle. Sur des problèmes aussi essentiels pour l'avenir de l'humanité que les défis et les dangers de la technique, le recours à la dissuasion au moyen d'armes de destruction massive ou les problèmes dits d'environnement trop souvent l'appel à la démocratie sert d'alibi à l'absence de réflexion normative.
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En vérité, si l’absurdité nous est cachée, d’un mode de vie et d’une structuration de l’espace-temps social qui conduisent tant de gens à consacrer tant de temps généralisé à leurs déplacements pour une efficacité moyenne si faible, c’est qu’ils substituent du temps de travail au temps de transport.
(page 38)
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