20 000 ans ou la grande histoire de la nature

Voilà un livre intéressant, et frustrant à la fois.
Dans les 5 premiers chapitres l'auteur-qui est biologiste de formation-brosse un tableau général des transformations de la nature en France depuis les 20 000 ans. Après la fin du dernier âge glaciaire et son recul de la vie sous le poids des épaisses masses de glace qui recouvraient la plus large partie de territoire de la France actuelle, le réchauffement du climat depuis 15-12 000 ans environ pendant a conduit à une profusion de vie dans la forêt, les rivières, les régions côtières et l'océan...
Ce tableau est brossé avec beaucoup de détails et de générosité et avec un style agréable. On apprend beaucoup de choses.
Mais dans le sixième chapitre d'une cinquantaine de pages intitulé la grande régression, l'auteur nous précipite dans la grande catastrophe provoquée par la révolution néolithique-la domestication des plantes et des animaux-qui a conduit à la disparition de l'essentiel de la diversité biologique et de la diversité de la vie sauvage en France. Et la on se dit que résumer 10 000 ans d'histoire sociale, économique, technique, intellectuelle, artistique au seul slogan "la terre nous doit tout, nous ne lui devons rien" est vraiment trop caricatural pour être tout à fait convaincant.
On peut à juste titre reprocher à la pensée occidentale classique -humaniste- d'avoir populariser l'idée simpliste que la beauté du monde ne se réalise pleinement que dans et par l'homme, mais il ne faudrait que la pensée du vivant -qui réintroduit l'homme au sein de la nature et du vivant- commette à son tour l'erreur symétrique de penser que la beauté du monde ne se réalise pleinement que dans le sauvage, où dans l'ensauvagement.
Il me semble que l'immense défi que l'espèce humaine ou l'humanité doit relever aujourd'hui est d'apprendre -ou peut-être à réapprendre- à vivre pleinement dans le monde dont elle est issue et qu'elle façonne patiemment mais respectueusement.