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Critique de Arimbo


Bien qu'il faille se garder de chercher dans la vie d'une écrivaine, ou d'un écrivain, la source de son oeuvre romanesque (Proust l'écrit si bien dans son Contre Sainte-Beuve), il est parfois utile de comprendre les circonstances de son écriture.
C'est le cas, me semble-t-il, ici. Marguerite Duras, après avoir connu, en 1984, avec l'Amant, le succès, la reconnaissance, certes tardive, par le Prix Goncourt, n'a pas pu suivre, en raison d'une maladie grave, l'adaptation cinématographique du livre faite par Jean-Jacques Annaud. Elle n'appréciera pas celle-ci (il est vrai qu'Annaud n'est pas un cinéaste connu pour sa finesse psychologique), et réécrira fiévreusement l'histoire en 1991 (poussée aussi par la nouvelle de la mort de son amant chinois en 1990), dans un style propre à une adaptation cinématographique, avec des notes en ce sens et même à la fin du livre, une trame pour un scénario.

J'ai lu L'Amant il y a longtemps et je ne peux pas, il faudrait que je le relise, comparer en toute objectivité ce dernier avec L'Amant de la Chine du Nord.

Celui-ci m'est apparu comme une remémoration bouleversante d'une première passion, dans sa crudité et aussi son ambiguïté, j'y reviendrai.

Duras, avec une écriture simple, une abondance de dialogues et de détails, m'a donné l'impression de vouloir revivre ce moment unique de son existence, pour que tout ne soit pas perdu, de nous faire ressentir le coup de foudre entre cette adolescente de 15 ans et ce chinois de 27 ans, le déchirement du jeune chinois contraint aux règles de sa société, de sa famille très riche qui a d'avance programmé avec qui et quand il va se marier.
L'éveil de la sensualité débordante de « l'enfant » ( c'est ainsi que se nomme Marguerite Duras), qui s'exprime surtout avec son amant si délicat et sensible, mais aussi avec son amie Hélène, le serviteur Thanh, et même son frère Paulo, est décrit par ces petites touches si spécifiques du style durassien, mais avec tant de sincérité parfois crue qui peut déconcerter, Duras ne juge pas.

Et puis il y a cette famille, la mère désemparée devant ces enfants, surtout l'ainé, Pierre, violent et opiomane, qu'elle se résout à éloigner de son autre fils Paul dit Paulo, la mère ruinée par l'escroquerie de l'achat de terres incultivables, mais qui lutte avec énergie. La mère qui voudrait que sa fille épouse un homme riche pour soulager la charge de sa famille, et Duras nous laisse dans l'incertitude de savoir si la liaison de « l'enfant » avec le jeune Chinois très riche, n'est pas, au départ, intéressée. Cette ambiguïté des sentiments touche d'ailleurs beaucoup de protagonistes de l'histoire, le chinois, la mère.

C'est un récit magique, très visuel, centré sur les personnages, leurs sentiments, dans une atmosphère de chaleur et de mousson, mais peu de description des lieux.
Ce sont l'éveil des sens et la passion, avec ses rires et ses pleurs, qui l'animent de bout en bout, et c'est magnifique.

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