Citations sur Ce que tu veux (37)
[ site de rencontre ]
Pour mon profil, je voulais écrire : 'Bibliothécaire un peu démodée, sans qualification particulière, principal soutien d'un parent atteint de démence, expérience amoureuse très réduite.' Elle n'était pas de cet avis. 'Mes amis me décrivent comme une voyageuse au long cours, enjouée et qui aime rire', a-t-elle écrit après m'avoir chassée de l'ordinateur. 'Tout aussi à l'aise en jean que dans une petite robe noire.'
- Je n'ai même pas de petite robe noire.
- Et alors ?
(p. 21)
J'ai lu un article récemment à propos de la disparition de la rébellion chez les jeunes : autrefois, les adolescents s'insurgeaient contre le statu quo (la politique, les parents), alors que maintenant ils retournent leur colère contre eux. Ce qui explique l'augmentation des problèmes psychologiques : dépressions, automutilations, suicides.
Le mal a le don de se rendre attirant. Tout le monde le sait.
[ Alzheimer ]
- Ça fait une éternité que tu n'es pas venue, dit soudain ma mère. Tu ne viens plus.
Elle m'observe en se mordillant la lèvre. Je m'assois près d'elle et je lui prends la main. Je lui rappelle que j'étais là vendredi. Je n'ai pas pu venir du week-end parce que je n'étais pas à Londres. (...) J'essaie de retrouver le plus de détails possible. Elle aime bien ça, d'habitude.
- Je préfère l'autre fille, dit-elle quand je m'arrête pour reprendre mon souffle. Celle qui est jolie.
- Je sais.
- Je préfère que tu me laisses tranquille.
- D'accord, dis-je en lui embrassant le sommet du crâne. J'y vais.
(p. 153)
[ une bibliothécaire de collège ]
J'ai de la chance de pouvoir l'amener [mon chien] à l'école avec moi, je le sais. Au début, c'était une fois de temps en temps, mais j'ai obtenu une dispense grâce à un assistant qui s'occupe des gosses en difficulté : il avait remarqué que le chien avait un effet apaisant sur les enfants en proie à des problèmes de concentration ou à des troubles sensoriels.
(p. 282-283)
De la porte, il crie :
- Tom ! Patrick ! Vic ! Venez boire un verre !
Tom apparaît. Il porte des richelieus et un polo Fred Perry boutonné jusqu'en haut, le genre de style débile et décalé qu'on voit dans les classes de terminale pour gosses de très riches.
- Mon fils, tout droit arrivé d'Oxford, dit Murphy, incapable de masquer sa fierté. Un garçon qui a de la cervelle.
(p. 73)
[ stage ]
- En plus, je ne suis pas payée.
- C'est de l'expérience. (...) Le travail, c'est parfois ennuyeux, sauf si tu as la chance de faire ce que tu aimes, et même ainsi tu as des comptes à rendre.
- A moins d'être indépendant, comme Zach. Il n'avait de compte à rendre à personne. Il était libre.
- Peut-être, mais il ne gagnait pas un sou.
- Ça compte ?
- Oui, ça compte si tu veux vivre dans le monde réel. Il avait toutes ces grandes idées sur l'autosuffisance. Mais c'est une chose d'en parler et une autre de le mettre en pratique.
Je suis toujours sidérée par a quantité de secrets qui existent dans un couple. Cette grande et belle idée : tout se dire. Neuf fois sur dix, quelqu'un cache quelque chose. Même si c'est juste des idées, des espoirs. On peut vivre dans la même maison, partager le même lit, mais à quel point connaît-on vraiment quelqu'un ?
Les livres sur la reconstruction avec leurs étapes formelles du deuil ne connaissent qu'une seule trajectoire : choc, incrédulité, marchandage, colère, dépression et, finalement, acceptation. Je crois que j'ai tout mélangé. Celui que Peggy m'a donné, "L’Épanouissement après un trépas", avait un chapitre sur le "deuil pathologique" : quand la personne endeuillée n'arrive pas à reprendre une vie normale. Je crois que c'est ce dont je souffre.
Même si je l’attendais, son apparition m’a procuré une agréable surprise. Mon cœur s’est vraiment arrêté de battre pendant un instant. Mais le plaisir s’est émoussé. Elle était là, remontant sa propre rue, après avoir pris la décision de le faire sans moi. Et puis, cette expression contemplative. Que se passait-il dans sa tête ? Je détestais ne pas savoir. Si j’avais pu lui forer le crâne et fouiller sa cervelle avec mes mains, je l’aurais fait.