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« Cabane », matrice, l'alcazar, refuge-grotte, le récit prend place. L'enfant conte sa vie, écueil et dérive. Les mots surdoués de Millie Duyé accompagnent cette petite fille piégée dans l'orée des alias familiaux. Fissures abyssales, chevelure accrochée aux branches-abri. L'enfance écartelée, deux maisons, grand écart, le vide l'interpelle. Elle creuse son nid dans un antre rien que pour elle. Se construire à pas de loup, subrepticement la colline de ses désirs d'enfance.
Elle chuchote cette enfant, l'heure fragile des repères qui s'effondrent. Un père côté nord, une mère côté sud, elle cherche la lumière dans son refuge-laine. Se bâtir une cabane. S'inventer la tiédeur, le cocon, devenir unique et sans attache.
La cabane parabolique où s'agite l'imaginaire et les fantasmes, où le jeu est contre-poids. Elle puise dans ses architectures la marelle ciel et terre et piétine les faillites parentales. Elle avale une ancre, un petit jouet symbolique. Appel au secours, se noyer dans ses propres turbulences.
Le récit intrinsèque, dévorant, superbe est une alliance infinie avec cette enfant. S'évader pour sauver sa maman défaillante et malade, un père à mille mille des enjeux éducatifs, l'absent qui aime sa fille mais mal, lac salé et mer indigne. Ses cabanes sont des poupées gigognes, pour elle et le voyage intérieur une soupape de sécurité.
« Ici personne ne pleure avec de vraies larmes. Ici, je perds mon âge, sans être malade. On voyage sans même se déplacer. Hier, vieillard éclopé, demain, princesse éplorée, mais toujours en sécurité, loin du dehors, dans un endroit où le débordement fait de nous des héros. »
« Le plancher est rudimentaire mais celui-là ne s'effondrera jamais. »
Arche de Noé, baume au coeur et racines, cabane (es) pour l'enfant-adulte sans craies de couleur.
L'écriture est un palais d'honneur, plus qu'une rencontre avec cette petite fille, une fusion toute de liane, d'intuition et de franchise.
Malade et si démunie de tendresse, pain moisi abandonné dans la cabane. Une pomme sous le lit, observer la pourriture montante, le déni des parents.
« La cabane a un sexe et il est féminin. »
« Je crois naviguer du C au A, quand je suis déjà ailleurs, bâillonnée. »
Grandissante, puzzle au nom commun, floutée par les méandres intestinaux. Recueillir dans ses mains d'enfance pâle, les monts et les soucis, marée-haute, la cabane dérive.
« Je ne suis plus qu'un lieu. »
Ce livre bleu-nuit est triste et beau, lumineux et sombre à la fois. Les rêves d'une fillette écorchée vive dans les entrelacs où les siens ont détourné les yeux. Radeau de Géricault, les métaphores, aigles noirs, l'enfance as de pique, la carapace exutoire.
Murmures et l'amour coque, je pense que la bonté est rare. Ce récit est un séisme mental. Un livre désespérément magnifique. Une cabane littéraire qu'on serre dans nos bras de toutes nos forces.
« Bateau-lit, glisser sur le fond de la mer »
Le crépuscule et un hommage aux enfants égarés dans les limbes familiales.
Inoubliable, puissant. Un livre pour tous les parents du monde. Publié par les majeures éditions Le Nouvel Attila.
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Dire le silence qui ne passe pas
la violence des adultes qui cherche l'enfance en assassinant celle de leur progéniture
ne protège pas ne hisse pas
Devenir des femmes bateaux des mères enfants et embarquer
Voguer et construire un abri un vrai qui ne tangue pas avec les cris et les meubles à travers la pièce
le cap un matin trouveras l'ancre avalée
Cherche petite fille appartient toi
Pardonne et laisse fondre la brûlure pour ne pas couler
quelque part une cabane debout
un espace planche une tribu réinventée un décor réévalué ou même les tristes désaxés trouvent grâce au monde
parfois ça tremble ça déchire mais même malhabile habite toujours
juste pour sentir levons les voiles
à l'arrière pas de réponses seulement des questions qui plantent racines
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Récit poétique intérieur désespérément alerte et enjoué, conjuration survivaliste, par l'imagination et le théâtre des choses, de ce qui rôde et menace entre enfance et âge adulte : un très grand texte.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/03/22/note-de-lecture-cabane-millie-duye/

Dans le désordre sans nom de la séparation de ses parents, entre nouveaux appartements, nouvelles écoles, nouvelles vies, la petite narratrice organise avec fougue la construction de repères bien personnels, puisant avec une redoutable détermination dans les trésors de la langue et de l'imagination, domestique ou scolaire, joliment littéraire ou joyeusement sang-mêlé, pour rétablir – ou peut-être, simplement, établir – un équilibre dynamique, une recette magique de survie allègre parmi les paysages du doute et de l'incompréhensible. La petite fille grandira, et quittera les terrains de jeu fournis par la cour de récréation pour ceux des premières amours, absolues mais insidieusement exposées à la comparaison secrète avec là d'où l'on vient, et d'un havre souverain, n'ayant décidément rien de gris, celui du théâtre : avec une inventivité intacte, voire amplifiée, tout au long de ce parcours initiatique qui relie la petite enfance à ce que l'on convient d'appeler, socialement, l'âge adulte, un univers drôle et combatif, acceptant et transmutant les grains de folie comme les énergies noires disponibles, prend forme sous nos yeux incrédules et de plus en plus enchantés.

C'est dans une nouvelle à marquer d'une pierre blanche, « Des cabanes », que l'on avait découvert en 2019, déjà, cette formidable capacité d'écriture à plusieurs niveaux simultanés, dotant la narratrice enfant puis adolescente, en l'espace de quelques éclairs, des armes de mise à distance et d'ironie mine de rien lui permettant de dompter, par le double pouvoir de l'imagination et du bouillon culturel à haute intensité, les peurs bien trop réelles, qu'elles naissent des sauvageries de cour de récréation ou de celles, plus insidieuses, des familles en voie d'éclatement ou peinant à se recomposer.

Avec ce « Cabane », publié au Nouvel Attila en mars 2022, roman qui prolonge et amplifie la nouvelle d'origine (avec une impressionnante couverture provenant du travail unique de l'artiste Brooke DiDoNato), Millie Duyé (que l'on avait vue à l'oeuvre au théâtre avec la troupe des Entichés, jouant magnifiquement Jonas Hassen Khemiri ou le « Provisoire(s) » de Mélanie Charvy, inventant « le renard envieux qui me ronge le ventre », toute seule) parvient à inventer le langage très personnel, nourri d'histoires racontées, de lectures effectuées et de fantasmes vécus, condensé dans le mixer haute vitesse d'une préparation jeu vidéo gonflée à la littérature, de l'enfant et de l'adolescente face à l'éclatement normalisé, d'une conjuration survivaliste enjouée qui se tient debout dans la tempête et y propulse une tendresse de compétition – comme le début d'une véritable saga du récit poétique intérieur.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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J'étais intriguée par ce roman et son titre. J'ai apprécié la première moitié du texte où la narratrice raconte son enfance et notamment le rôle des cabanes, des refuges face à un monde d'adulte peu rassurant. En revanche la deuxième moitié m'a perdu, on reste très extérieur au texte qui se concentre sur l'histoire d'amour de la narratrice. L'écriture est très imagée et poétique mais j'ai été moins touché qu'au début.
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Cabane, c'est l'histoire d'une petite fille qui subit la séparation de ses parents, de nouvelle maison en nouvelle maison, sans endroit fixe où planter ses racines, elle construit ses cabanes là où elle se trouve.

De voix d'enfant, la narration passe à la voix d'adolescente puis de jeune femme, tout en conservant ses fêlures, sa fragilité.
Millie Duyé insuffle à son roman une véritable intensité.

C'est aussi un texte qui peut désarçonner, qui m'a parfois perdue mais m'a raccrochée par cette poésie contenue dans chaque phrase.
Et comme c'est un premier roman, cela augure du très bon pour la suite !
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Un livre déroutant qui fait ressentir des émotions intenses, opposées allant du rejet, à la détresse et l'empathie. C'est une lecture marquante et totale, qui nous immerge, nous prend et nous recrache !
🌪️
La forme est novatrice, le propos également. L'autrice nous parle de la complexité de l'intimité, de l'amour, du désamour (que je trouve pourtant si compliqué à expliquer), de la cellule familiale ...
🌪️
Ce roman concourt pour le Prix Cocteau Maisons-Laffitte !
Le Prix Cocteau Maisons-Laffitte récompense un premier roman récent écrit en langue française qui met en valeur l'inventivité verbale, le style littéraire et l'originalité de la narration.
🌪️
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Comment on fait quand on est un enfant et qu'on doit gérer le bouleversement de la séparation parentale ?
Comment on se construit sur la structure familiale qui s'effondre ?
On se trouve des tribus. Mille au moins.
Et pis ben on construit des cabanes. Des bateaux-lits, des cabanes de draps, des cabanes maisons, des cabanes chambrées ...
Voir cette enfant grandir, c'est se voir, tout du long partout, tout le temps.
Hey, entre toi et moi, c'est un livre pour les Minous sauvages qui hurlent à la lune et qui continuent de construire des cabanes. Vraiment.
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