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Avoir lu le portrait de Françoise d'Eaubonne m'a permis de recadrer certains de ses propos et de les replacer dans leur contexte. Depuis 1970, les luttes féminismes ont évolué et se sont surtout penchées sur l'intersectionnalité, ce que d'Eaubonne n'aborde pas.
Lire cet essai permet de retourner à un féminisme post-68, de comprendre les combats menés par les mouvements féministes et puis surtout de trouver les premières lignes sur l'éco-féminisme.
La préface est importante à lire pour la remise en contexte et je suis d'accord avec une lectrice qui proposait plutôt des commentaires tout au long de la lecture et non au début.
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Réedition à fuir! le texte de F. D'Eaubonne est lumineux est fondateur sauf qu'il est annoté et préfacé par 2 jeunes universitaires qui contredisent complétement les idées de l'autrice. Ces dernières nous servent leur théories queer sur la transidentité et la prostitution, allant même jusqu'à recommander la lecture d'un lobbyiste de l'industrie du sexe à la fin du chapitre ou D'Eaubonne développe sa pensée abolitionniste sur ce fondement de la domination masculine! Situation ubuesque de lecture. C'est tout simplement de la trahison intellectuelle et de la récupération malhonnête de l'histoire du féminisme. Comme si un bouquin sur les méfaits du colonialisme nous recommandait, en bas de chapitre, la lecture de Zemmour "pour se faire une idée plus complète"... Je ne sais pas comment les proches de la fondatrice du MLF et précurseure de l'éco-féminisme ont perçu cette ré-édition mais c'est juste scandaleux!
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Le féminisme ou la mort fait partie de ces textes qu'en tant que personne très sensible aux luttes féministes (juste un peu) ayant de nombreuses connaissances très sensibles aux luttes féministes, j'ai entendu citer environ un quintillion de fois, généralement assorti d'un commentaire du style "c'est vraiment une référence, faut que je le lise". de mon côté, grâce à la réédition toute récente de ce texte effectivement pionnier mais finalement assez méconnu, paru en 1974, c'est désormais chose faite. Ma lecture fut à la fois très plaisante et très frustrante : si l'intérêt du texte est évident d'un point de vue historique, certains de ses passages ont franchement mal vieilli, quand d'autres sont au contraire d'une pertinence rare. Il s'agit donc de prendre le texte pour ce qu'il est, d'en apprécier certains éclairs de génie assez bluffants, pour ensuite (pourquoi pas) se tourner vers des ouvrages écoféministes plus récents qui ont su poursuivre la réflexion plus que précurseure de D'Eaubonne.

On peut fractionner l'essai en trois parties, grosso modo. La première est de façon assez amusante à la fois la plus lucide et la moins surprenante des trois, étant donné qu'elle consiste en une synthèse acide, martelée et particulièrement bien ficelée des raisons pour lesquelles le féminisme existe et est nécessaire, avec un état des lieux de la condition féminine dans les années 70 dont on constate avec une certaine amertume qu'il peut encore, à (très) peu de chose près, parfaitement décrire la situation actuelle. Pour qui est déjà un peu renseigné sur le sujet, il y a donc assez peu de nouveauté, mais cela pourrait par exemple constituer une introduction très efficace pour un public plus novice.

La deuxième partie est, quant à elle, la plus critiquable et sans doute la plus instructive, de façon inattendue. Françoise d'Eaubonne y dresse une sorte de panorama de l'ensemble des victoires, obstacles et objectifs du féminisme des années 70, avec des focus successifs sur l'ensemble des régions du monde, mais aussi des comparaisons entre régimes capitalistes et communistes (eh oui, en 74, l'URSS était loin de la fin de parcours), et c'est sans doute là qu'on se confronte à ce que lui reprochent le plus les deux autrices contemporaines qui préfacent le texte, à savoir une difficulté à intégrer et représenter d'autres points de vue et d'autres vécus que le sien, et une perspective qui reste malgré tout très occidentalo-centrée (avec en plus de ça certaines prises de position sur divers sujets, notamment une posture abolitionniste assez péremptoire vis-à-vis du travail du sexe, qui posent parfois question). La pensée féministe a beaucoup, beaucoup évolué depuis l'époque d'Eaubonne, et ça se sent. Il ne s'agit donc aucunement de faire un procès d'intention à l'autrice, mais simplement de constater que certains éléments de son propos ont vieilli. Comme elle l'analyse elle-même, le féminisme ne peut se limiter à une seule perspective, mais en bonne représentante d'un courant universaliste encore très très majoritaire à l'époque (pour les néophytes : on oppose en général le féminisme universaliste, qui estime en gros - je schématise - qu'il existe une manière unique et universelle de lutter pour les droits des femmes et une seule définition du progrès féministe, aux féminisme intersectionnel, qui estime que le vécu et les besoins de chaque femme peuvent énormément différer en fonction d'autres paramètres - identité de genre, race, classe, orientation sexuelle, etc. -, et que la lutte et les discours féministes doivent donc être adaptés à chacune), d'Eaubonne peine à intégrer davantage de diversité à son propos.

La troisième partie, enfin, est celle qui fait véritablement le sel du récit, celle qui lui donne toute sa pertinence, à la fois d'un point de vue historique, puisqu'elle est le fondement de la pensée écoféministe, à une époque où personne ne défendait encore pareil point de vue. L'approche de Françoise d'Eaubonne est particulièrement plaisante et pertinente en ce qu'elle est véritablement globale, et ne verse ni dans le simple réformisme ("il faut donner plus de droits aux femmes et tout ira mieux"), ni dans la tendance un peu spiritualisante qu'on peut observer à l'heure actuelle (le féminin sacré, Gaïa, la mère nature, les femmes un peu essentialisées comme proches de la nature, tout ça). L'argument de Françoise d'Eaubonne est limpide : l'exploitation effrénée, destructrice et en un mot injuste de l'environnement est une conséquence du patriarcat (elle utilise plutôt le terme "phallocratie", mais soit, on s'entend Françoise), les femmes et les minorités sociales en sont les premières victimes, et de simples mesures palliatives ne permettront certainement pas d'y remédier. Au-delà de la "révolution", il s'agit de lancer une profonde "mutation" de notre façon d'envisager l'économie, le travail, les relations humaines et sociales, sans quoi le genre humain court tout droit vers la destruction, les plus fragiles en premier évidemment. A ce titre, le propos de l'autrice était inédit à l'époque, et reste encore aujourd'hui plus que pertinent, à l'heure où l'on voit se multiplier les manifestes écoféministes et où il n'a jamais été aussi urgent de penser la justice sociale et climatique. Il ne s'agit pas de dire "les femmes savent mieux faire" ou "il suffirait de mettre des femmes à la tête des Etats pour que ça s'arrange", mais de poser les bases d'une réflexion holistique, ambitieuse et politique capable de repenser l'iiiintégralité de notre fonctionnement actuel avant qu'il n'ait eu tout à fait raison des ressources dont on a besoin pour survivre.

Le féminisme ou la mort est donc, sans aucun doute, un texte très riche qui mérite amplement d'être découvert, même (et surtout ?) dans ses aspects un peu dépassés. C'est un texte assez remarquable dans sa capacité à poser les bonnes questions, ne pas s'excuser d'énoncer ses constats et ses conclusions avec clarté, véhémence et ambition, et surtout à titiller la curiosité d'un ou d'une lectrice qui aura du mal à ne pas avoir envie de poursuivre la réflexion une fois le dernier chapitre achevé. A découvrir !


Lien : https://mademoisellebouquine..
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Le féminisme ou la mort reste aujourd'hui un ouvrage de référence malgré ses défauts.
D'Eaubonne est en effet l'une des première à apporter au débat public français la question de l'éco-féminisme. Celle-ci analyse la catastrophe climatique non pas comme la responsabilité de tout.es, mais bel et bien comme une conséquences du système patriarcal productiviste mondial. Capitalisme et patriarcat sont intrinsèquement liés et précipitent l'humanité vers sa chute. le féminisme de tout.es devient alors une question de vie ou de mort.

Ecrit en 1974, l'ouvrage possède tout de même aujourd'hui un certain "retard" théorique, notamment sur les questions d'intersectionnalité. Durant les premières pages du livre, d'Eaubonne fait également part d'une étrange obsession pour les Juifs, qui s'estompe au fil des pages.

En revanche, la préface de la réédition est elle absolument brillante.
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Dans cette réédition du texte original de Françoise d'Eaubonne 'Le féminisme ou la mort' publié initialement en 1974, les éditions le passager clandestin ont décidé de remettre ce texte en lumière, agrémenté d'une longue préface qui remet dans notre contexte ces écrits. Ce texte a été le premier à aborder la notion d'ecofeminisme. Françoise d'Eaubonne était une féministe engagée, militante et qui reste radicale dans son essai. Elle propose cependant une nouvelle alternative pour la société, qui selon elle est dominée par le capitalisme patriarcal, en donnant des clés de compréhension de l'oppression des femmes, mais aussi de l'urgence planétaire. Sa pensée va tout de même au-delà d'une simple addition du féminisme et de l'écologie. La préface était véritablement importante ici, car la société a depuis beaucoup évolué, et remettre les écrits dans leur contexte est indispensable : on constatera notamment que sa vision est celle d'une femme occidentale, qui n'inclue pas correctement les autres minorités. Il aurait cependant peut-être été plus pertinent de placer le texte d'origine en premier lieu, et de le faire suivre de commentaires argumentés pour avoir plus de matière pour transposer ce texte à notre époque et comprendre les arguments avancés. Il est tout de même très intéressant de découvrir le texte fondateur de l'ecofeminisme (révolutionnaire pour l'époque car rien ne s'en approchait !), en se détachant de l'aspect marketing actuel autour du féminisme et de l'écologie. L'intérêt d'un texte radical permet aussi de s'en détacher plus aisément, et de prendre ce qui nous paraît pertinent et transposable.
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Plutôt facile à lire, on sent une écriture à la fois datée et en avance sur son temps. Si quelques passages sont très marqués par un féminisme universaliste, les passages sur les pays socialistes permettent de montrer combien le patriarcat ne s'explique pas seulement par la société capitaliste. Enfin et surtout la conscience de la finitude de nos ressources planétaires est très prégnante
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