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Critique de mh17


mh17
24 septembre 2023
À l'occasion du cinquantième anniversaire de la libération de l'Europe, le 25 avril 1995, l'écrivain et sémiologue italien Umberto Eco prononce en anglais un discours marquant sur le fascisme, à l'Université Columbia. Il publie dans la foulée ce petit article, adapté du discours dans La New York Review of Books.
Eco revient d'abord avec beaucoup d'auto-dérision sur son expérience personnelle du fascisme mussolinien. Au contraire du nazisme, le fascisme mussolinien n'avait pas d'armature idéologique forte et solide mais simplement une rhétorique. Et de rappeler par exemple que Mussolini commença comme athée militant pour finir par accueillir à bras ouverts les évêques qui bénissaient les insignes fascistes. Dans le régime italien cohabitaient des éléments de nature fort différente en conflit ouvert (revendications monarchiques et révolutionnaires, armée et milice privée, tolérance dans le domaine culturel et emprisonnement de dissidents, etc) Et à cause de cette faiblesse idéologique, le fascisme s'est exporté facilement.
« Le fascisme est devenu un terme s'adaptant à tout parce que même si l'on élimine d'un régime fasciste un ou plusieurs aspects, il sera toujours possible de le reconnaître comme fasciste. Enlevez-lui l'impérialisme et vous aurez Franco et Salazar ; enlevez le colonialisme et vous aurez le fascisme balkanique. Ajoutez au fascisme italien un anticapitalisme radical (qui ne fascina jamais Mussolini) et vous aurez Ezra Pound. Ajoutez le culte de la mythologie celte et le mysticisme du Graal (totalement étranger au fascisme officiel) et vous aurez l'un des gourous fascistes les plus respectés, Julius Evola. »
Mais si le fascisme change de forme, comment le reconnaître ?
Eco établit alors une liste de 14 caractéristiques typiques de ce qu'il appelle L'Ur-fascisme, le fascisme primitif et éternel. L'auteur remarque qu'ils ne sont jamais tous présents dans le discours politique contemporain qui avance masqué encore que…
Cette liste est facilement disponible en ligne. J'ai copié ci-dessous le résumé Wikipedia . Chaque point clairement expliqué et illustré en entraine un autre comme un jeu de dominos.

1. Culte de la tradition , souvent interprétée de manière syncrétique .
2. Rejet du modernisme , conséquence également du premier point, et de l'esprit des Lumières .
3. Irrationalisme et culte de l'action comme fin en soi. Méfiance envers la culture.
4. Rejet de la critique et de l'esprit critique.
5. Peur de la diversité. Une des conséquences est le racisme .
6. Frustration des classes moyennes (petite-bourgeoisie) due à des crises économiques ou à des pressions politiques.
7. Obsession des complots , y compris internationaux.
8. Perception d'une force excessive d'ennemis extérieurs, que l'on croit pourtant pouvoir vaincre. Cette contradiction conduit généralement à de fausses évaluations des adversaires et, en fin de compte, à être les perdants des batailles.
9. Idée de guerre permanente et contraste avec le pacifisme . La paix définitive ne viendra qu'après la victoire finale.
10. Élitisme de masse et mépris des faibles : donc mépris de chaque classe pour sa classe subordonnée.
11. Héroïsme de masse et le désir de se sacrifier pour la cause commune, mais plus fréquemment de sacrifier les autres.
12. Machisme , plus facile à gérer que l'héroïsme.
13. "Populisme qualitatif". Face au déni des droits individuels, le « peuple » est considéré comme un tout dont la volonté doit être interprétée par le leader.
14.Usage de la novlangue , caractérisée par une syntaxe élémentaire et véhiculant un raisonnement critique nécessairement limité.

Ce petit essai est clair et stimulant. Je vous encourage à le lire.
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