Ma colère gronde, enfle et s’insinue partout en moi.
Je ne suis attentif ni aux automobilistes, ni à la route, ni à ma conduite.
Je n’ai qu’une seule idée fixe : la rattraper et qu’elle m’explique.
De quoi m’accuse-t-elle ?
Que dois-je dire ou ne pas dire en sa présence ?
Que dois-je faire ou ne pas faire pour ne pas la blesser ?
...
Sauf que... Le choc est violent.
Je le sens à la douleur qui irradie partout dans ma jambe, mon cou et mon bras. Au vol plané que j’opère.
— Tu es le diable, Mc Allister.
— Je n’ai jamais prétendu le contraire…
— Tu ne m’auras pas sorcière, la défié-je.
— D’une très, très longue lignée… chuchote-t-elle en léchant la confiture en excédent sur sa tranche de pain. Bordel !!!
— Vous êtes craignos ! les accusé-je alors. — On est… quoi ? grimace Dredd.
— N’écoute pas cette fille des bas quartiers, riposte mon ex-brunasse.
J’explose de rire et recrache un peu de mon « cher » cabernet sur le chemisier immaculé de ma poufiasse d’amie qui hurle au sacrilège et en appelle à ma décapitation.
Il frôle ma culotte, passe un doigt sous l’élastique, puis deux, puis trois. Mais merde, qu’est-ce qu’il fout ? Machiavélique, il sourit, resserre sa poigne et tire un coup sec. Le bruit du tissu détruit résonne partout en moi. Je suis nue, à peine couverte de sa chemise, quasiment déboutonnée, offerte à son regard empli d’un désir brut. Il jette ce qu’il reste de mon tanga, et se redresse… de partout.
Est-ce une bonne ou mauvaise idée ? Qu’adviendra-t-il de nous si ni elle ni moi n’assumons ce qui risque de suivre ? J’en sais foutre rien ; ce que je ne peux ignorer, c’est tout ce que cette peste réveille en moi : l’envie, le désir, la colère et des tas de sensations que je croyais mortes.
— Allez ! Monte ! m’encourage-t-il en souriant. Ah les hommes et leur joujou ! Je recule, encore.
— Non.
— Je ne vais quand même pas te mettre de force dans la voiture ? sourit-il. De force ? Sûrement pas !!
— Hors de question, insisté-je encore.
— Tu seras à ton bureau bien plus vite.
— Non, dis-je encore en secouant la tête de droite à gauche.
— Allez, quoi…
— Non, crié-je en élevant la voix.
— Ire…
— NON, le coupé-je violemment cette fois. Je file vers la première bouche de métro, sans me retourner, en ravalant les larmes qui menacent. Pleurer, ça ne me ressemble pas. Pleurer, j’oublie de le faire depuis des années et je me suis juré que plus jamais quiconque n’en serait témoin.