Les éditions MU nous proposent souvent des romans qui sortent des sentiers battus, de véritables Objets Littéraires Non Identifiés, comme par exemple Walter Kurtz était à pied, un road movie dystopique, hypnotique et déroutant. Leur dernière parution
Les oiseaux du temps, une novella écrite à quatre mains par
Amal El-Mohtar et
Max Gladstone, n'échappe pas à la règle. A noter que ce court roman de moins de 200 pages a reçu de nombreuses distinctions : prix Hugo, Locus et Nebula.
Dans un futur très très éloigné, le voyage dans le temps est une réalité et la prédiction qu'un élément se réalise et influe sur l'histoire est très précis. Dans ce contexte deux factions s'affrontent au cours d'une guerre du temps. D'un côté les agents du Jardin dont Bleu est l'une des représentantes. La nature comme maître mot où chaque intervention se fait avec subtilité et discrétion. de l'autre, l'Agence avec Rouge comme fer de lance, société hyper technologique, ère posthumaniste ultra connectée dont les intrusions dans le cours de l'Histoire sont beaucoup moins délicates.
Rouge et Bleu vont se croiser, se suivre, s'épier à travers le temps et leurs interventions, allant jusqu'à commencer une correspondance interdite. Dans un premier temps, ces échanges ont pour but de déstabiliser l'adversaire, de montrer la supériorité de chaque camp mais assez rapidement cela va devenir plus personnel...
La construction de cette novella est très originale, nous avons en alternance les points de vue des deux protagonistes entrecoupés de leur correspondance. Et c'est d'abord la réaction de la destinataire avant le contenu de la lettre qui nous est donné. Ce petit détail fait toute la différence et apporte de la curiosité. A travers les échanges et les réactions, l'univers se dessine, les indices sont distillés avec parcimonie pour appréhender les cultures, les aspirations des deux factions. Plus les pages se tournent moins le background a d'importance, plus la relation entre Rouge et Bleu devient intense. Malheureusement pour moi, j'ai commencé à décrocher à ce moment-là. L'atmosphère générale ne me convient pas, il manque quelque chose à quoi m'accrocher. Très poétique mais trop nébuleux, on navigue à vue sans vraiment connaître l'histoire globale ni le pourquoi du comment de cette guerre. Les tenants et les aboutissants ne sont jamais vraiment explicités.
Il y a des livres qu'on aimerait aimer, qui ont tout pour plaire mais qui nous laissent sur le bord du chemin.
Les oiseaux du temps en est l'exemple. Malgré un concept original, une écriture riche, agréable, une histoire intéressante, il m'aura manqué un contexte plus fort pour pouvoir m'ancrer dans cet univers. Contemplative et nébuleuse, cette novella fait la part belle à la relation des deux êtres solitaires que tout oppose mais que tout rapproche et qui je l'espère trouvera son public.
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