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Critique de Tandarica


Mihai Eminescu, il est utile de le rappeler tant il est peu connu en France, est considéré en Roumanie comme le génie national, un peu comme William Shakespeare en Angleterre ou Johann Wolfgang von Goethe en Allemagne. Les diacritiques roumains ne sont pas plus respectés qu'ailleurs et pour les expressions en grec et en latin, heureusement peu nombreuses, veuillez ressortir votre méthode I.S.D.
Michel Wattremez a l'incontestable mérite du choix des textes, ce qui nécessite une explication. Génie national certes, mais un coup d'oeil rapide à l'anthologie d'Andreia Roman (par exemple) permet de se rendre compte rapidement que l'intérêt porte surtout sur ses poèmes (de multiples traductions-anthologies) et le désintérêt sur sa prose, tout juste mentionnée dans le second volume de "Littérature roumaine".
Eminescu a énormément écrit et peu publié de livres. Ce qui signifie qu'après sa mort, quelqu'un a dû s'y coller : Perpessicius est le pseudonyme du critique qui a soigneusement tout rassemblé et publié dans une édition monstrueuse d'une quinzaine de volumes (pour en avoir deux, ils sont grands et gros). On s'est donc aperçu que son oeuvre en prose était loin d'être négligeable : quelques contes et nouvelles, des articles de presse, un roman inachevé, etc. L'idée de traduire ces deux nouvelles, les plus achevées, brèves (150 petites pages les deux) est donc bonne, voire excellente.
On les considère souvent comme des textes de jeunesse, ce qui est à relativiser : Eminescu les a certes publiées à 23 et 26 ans, mais il est mort à 39 ans et sa santé s'est fortement dégradée à partir de 33 ans. Si je devais oser un rapprochement avec un auteur français, peut-être le Théophile Gautier romantique des débuts. En ce qui concerne la typologie des nouvelles, la chose est cependant bien plus aisée : "Le Pauvre Dionis" est une nouvelle fantastique qui a probablement beaucoup influencé l'oeuvre de Mircea Eliade, entre autres, avec du spirituel, de l'ésotérique, de l'énigme, du mystère qui n'est qu'en partie résolu par le dénouement. Un peu bizarre de la mettre en premier, tant le texte est à juste titre considéré comme le plus hermétique des deux.
"Cezara",par laquelle je vous conseille de commencer votre lecture, est une variation sur la fatalité de l'amour, nimbée de romantisme, marqué en particulier par l'omniprésence de la nature, mais aussi de philosophie, que j'irai jusqu'à qualifier de déterministe. En point commun, des éléments d'exotisme qui évoquent l'Italie ou Israël, et la fin de "Cezara" que je ne raconte pas, cependant.
En guise de bilan : deux textes fondateurs, classiques majeurs de la littérature roumaine et qui, par leur côté fantaisiste, ont bien mieux vieilli que nombre de classiques romantiques (je relis toujours "René" ou "Atala" de René de Chateaubriand, mais je pense être une exception). Au moins "Cezara" est d'abord carrément facile et le pauvre Dionis, avec un peu plus d'effort, est de lecture relativement aisée. S'il faut commencer par quelque chose pour la Roumanie, alors par là. Une réédition serait la bienvenue !
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