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Critique de Bouvy


Bouvy
08 septembre 2018
Karsten est un jeune allemand, un peu taciturne et solitaire. Il fréquente une bande d'amis berlinois. Ils ont l'habitude de passer des soirées chez une amie commune, Elke, qui est aussi la confidente de Karsten, pour discuter de tout et de rien. A la fin de la soirée, Karsten qui est passionné par l'île Moyen Orient, emprunte un livre à son amie Elke. le titre est « Pendre Refuge ». le livre raconte l'improbable rencontre de l'aventurière et écrivaine suisse Annemarie Schwarzenbach qui voyageait en Afghanistan accompagnée par Ella Maillart (Voyage raconté par Ella Maillart dans son livre La VoieCruelle) et de Ria et Joseph Hackin, alors célèbre archéologues français qui travaillaient sur le site des Bouddhas de Bâmiyân. Karsten participe alors a une kermesse en vendant des hot-dog et rencontre une jolie Syrienne, Neyla. Neyla est perdue à Berlin. Elle est réfugiée et tente d'apprendre l'allemand. Elle est ingénieure astronome, a un doctorat mais son statu d'étrangère et la barrière de la langue font qu'elle est sans emploi. Karsten tombe sous le charme de la jeune femme et décide de lui venir en aide pour apprendre l'allemand et s'intégrée à Berlin. Entre deux rencontres, Karsten continue la lecture du livre. Annemarie et Neyla sont attirée mutuellement et deviennent amoureuses. Amour éphémère. La guerre gronde, Hitler s'apprête à envahir la Pologne. Neyla, quant à elle, fait de rapides progrès en Allemand. Karsten et elle se rapprochent de plus en plus mais Neyla souffre du mal du pays. Annemarie et Ria aussi vont devoir se séparer car la guerre est déclarée et l'Europe s'apprête à vivre cinq année d'horreur. Neyla fait le rapprochement entre Berlin détruite pendant la seconde guerre mondiale et sa ville, Alep, qui n'est plus que ruine face à la folie des hommes qui ont perdu leur humanité…

Ce livre est surprenant. Il commence par une fête frivole et anodine, puis le récit est coupé par l'histoire des deux femmes aventurières de 1939. Au début, j'a été un peu déstabilisé par ce chassé croisé entre aujourd'hui et le passé. Un fil rouge : la guerre et la folie des hommes. Un symbole fort, les Bouddhas de Bâmiyân, pourtant classés au patrimoine de l'UNESCO et détruits par les Talibans en 2001. Un autre fil rouge : l'amour. Amour rendu compliqués par la situation violente de l'époque, celle de la seconde guerre mondiale mais aussi celle de notre époque, qui provoque un afflux exceptionnel de migrants avec tous les drames humains que ça crée. Si je commençais par le graphisme. Il semble naïf, épuré, simple. Pas de couleur, pas de nuance, du noir, du blanc. le graphisme ainsi épuré, l'absence de détail vous laissent vous concentrer sur les deux histoires parallèles. le texte aussi est dépouillé. Pas de légende, juste des dialogues minimalistes. J'avoue qu'au début, j'avais du mal à accrocher à cette histoire mais tout en douceur, les auteurs épicent le récit d'émotions, de sentiments. Ils traduisent de façon efficace le drame des réfugiés, sans tomber dans la mièvrerie. L'absence de nouvelle des familles restées dans le pays en guerre, sous les bombes, l'isolement, la barrière de la langue, le choc des cultures, le regard méfiant des autochtones qui vous voient comme d'étranges étrangers. (Pour faire référence au si beau poème de Prévert). En quarante aussi, l'amour semble compliqué. Juste celui d'un instant, entre deux femmes, dont une mariée. Amour interdit. Attention, la rencontre d'Anne-Marie et de Ria est romancée. Et la guerre qui sévit. La première victime des conflits ne serait pas l'amour ? C'est ce que semble nous dire ce livre. Il nous apporte un autre regard sur le drame des réfugiées que trop d'entre nous voient comme de simples envahisseurs. Non, ils ne sont pas là pour leur plaisir mais pour survivre avec comme principale ambition de retourner vivre chez eux, un jour, quand enfin, la paix se sera de nouveau installée. A la fin, les auteurs dessinent la destruction des Bouddhas. L'ouvrage monte graduellement en émotion et c'est touché, presque boulversé, que j'ai terminé ce magnifique, sensible et humaniste livre. Lu en format KINDLE. La numérisation est bonne mais ne permet pas de profiter des doubles pages, petit bémol. Peut-être que si je l'avait téléchargé sur IZNEO ou iTunes, j'aurais pu en profiter. Si vous avez cette expérience, soyez gentils, faites le moi savoir.
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