Citations sur Poing de Départ (35)
Observer la scène est, de plus, une source d’inspiration possible. Peut-être le loup-garou va-t-il se précipiter sur la femme-bouledogue et libérer le jeune Alexandre de son joug d’un coup de croc bien placé ?
Non seulement elle est sans gêne, mais en plus, elle ne comprend pas l’humour ! Quand ce n’est pas la chèvre qui s’incruste, c’est une grosse vache !
En revanche, mon cerveau a enregistré qu’il était question d’obtenir un équilibre azote carbone dans le mélange afin de bloquer la fermentation anaérobie. Je ne savais pas qu’il fallait avoir fait une école d’ingénieur pour uriner à la campagne. Agacé, je cesse de me triturer les méninges et choisis une méthode plus classique : je me soulagerai sous la douche.
Mon incurie en ce qui concerne les langues étrangères ne me permet pas de comprendre ce qui se raconte, mais je reconnais les toniques de l’allemand dans la bouche de mes nouveaux voisins volubiles. Adieu la tranquillité, c’était trop beau pour être vrai. Les touristes amoureux de la nature, ceux qui ont réservé par téléphone, ont déjà investi la place.
Cet endroit est pire que l’aliénant nid de coucou du célèbre film de Ken Kesey. Ces deux-là s’entendent à merveille pour jouer les geôliers sardoniques. Je suis bel et bien coincé dans cette ferme de l’angoisse sans possibilité d’évasion, pas même intellectuelle.
Je ne vais pas perdre mon énergie à leur expliquer mes techniques d’écriture et surtout, mon aversion pour les stylos. Ces deux-là sont irrécupérables. Ils ont décidé de me classer dans le rang des citadins intellectuels et déconnectés de la réalité. Si je veux être honnête, ils ne font que me rendre la monnaie de ma pièce, moi qui les méprise depuis le début au nom de clichés grotesques.
Je l’avoue, j’annonce toujours ça sur un ton aussi morgueux que si j’étais celui qui a inventé le vaccin contre la rage, c’est-à-dire Louis Pasteur. J’ai tellement l’habitude qu’on ne considère pas cette activité comme un vrai métier, tout au plus un loisir lucratif, et je me place en position de défense de prime abord.
J’ai toujours considéré les gens qui dorment trop comme des lâches qui fuient les aspérités de la vie dans la cachette du sommeil. C’est néanmoins ce que je suis en train de faire : ni rasé, ni coiffé, ni lavé, affalé sur le vaste lit en chêne massif. Je me love sous la couverture en laine, pas si désagréable après tout, et je m’enfuis dans une sieste confuse et boudeuse, bercé par le crissement du rembourrage en paille.
Dans le groupe, pas besoin d’individualité pour exister. Il est inutile de se démarquer, de se battre. Il suffit de suivre les ondes de la communauté pour avancer sans crainte et dans l’ombre. Comme au sein d’un banc de poissons où la masse efface la vulnérabilité de chaque membre, où le nombre absorbe la fragile inconstance de l’échantillon.
Sous le bonnet péruvien ridicule, son visage a de belles lignes, le nez droit, le menton volontaire, la bouche fine, mais bien dessinée. Dommage qu’elle soit marquée par un rictus perpétuel, comme un reproche fait à la vie. J’ai bien vérifié, ce n’est pas une mimique qui m’est réservée : Jo est revêche en permanence.