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Critique de tamara29


A la fin de la première guerre mondiale, Fidelis Waldvogel, un jeune allemand, décide de partir vivre aux Etats-Unis, notamment pour mettre des milliers de kilomètres à ses récents sombres souvenirs. Sa valise ne contient que quelques maigres affaires, des saucisses et ses couteaux de boucherie, hérités de son père. Il sera bientôt rejoint par sa femme Eva et leur fils en Dakota du Nord.
A force de travail, il parvient à ouvrir sa boucherie mais également à créer une chorale dont les membres sont des hommes de la ville où il a posé sa valise : Argus.
Mais, ne vous attendez pas à un récit sur des hommes bourrus qui évoluent autour d'une chorale et fondent de douceur en entonnant le premier couplet. le chant est même un sujet à la note mineure dans ce roman. Je l'ai plus compris au sens métaphorique. Car la chorale tient surtout à une sorte de communion, à un groupe dont les membres ont des voix aux tessitures différentes mais qui, avec le temps, des efforts et quelques concessions, peut réussir à faire un chant pas trop discordant. Ce roman parle plutôt du coeur (choeur) des Hommes, pour ne pas dire de celui des femmes, tant elles tiennent une place prépondérante dans cette histoire.

Cette saga familiale coure sur une trentaine d'années autour de portraits finement ciselés. Rapidement, on se rend compte en effet que ce n'est pas simplement l'histoire du parcours d'un jeune homme qui quitte son pays pour essayer de vivre le rêve américain. Les personnages qui prennent place, au fur et à mesure, autour du boucher à la belle voix sont tout aussi importants : que ce soit les deux plus merveilleuses, sa femme Eva et Delphine l'acrobate, ou encore Cyprian le compagnon de cette dernière, également acrobate, sans oublier le père de Delphine, Roy, un tantinet alcoolique…

En peignant avec précision et sensibilité tous les aspects qui composent cette période et le quotidien des différents protagonistes, l'auteure réussit à nous plonger dans la vie de ces personnages et à en faire une saga époustouflante : que ce soit au niveau économique et historique durant cette période de l'entre-deux-guerres, avec pour toile de fond la grande dépression ; au niveau sociologique où elle n'oublie pas, bien entendu, de dessiner des portraits d'amérindiens (sa mère est d'origine amérindienne et son père est germano-américain). Et, ce qui est le plus intéressant sans doute, c'est l'aspect psychologique lorsqu'elle fouille et triture dans les âmes et le coeur. Les descriptions aussi bien de l'Amérique, de la petite ville d'Argus que des protagonistes sont profondes, délicates et bien souvent emplies d'une réelle poésie. Et pour le coup, on peut entendre de la musique à travers les pages de ce roman.
Elle dépeint ses personnages avec subtilité, parfois tendresse, tout en nuance de gris, avec pour certains(es) des éclats lumineux évidents. Elle les dépeint avec une histoire, un passé, des fêlures, des espoirs. On est pris dans le tourbillon de leur vie, dans ces histoires d'amour, ces drames et ces joies. On s'attache à chacun d'entre eux, éprouvant pour eux toute une palette d'émotions…

« La chorale des maîtres bouchers » est un de ces grands romans qui nous rappelle pourquoi on aime tellement la littérature. Son auteure est une conteuse talentueuse qui, au travers de ses personnages, nous conte l'histoire de l'Amérique. J'ai découvert avec plaisir sa superbe plume et elle m'a rappelée ses grands romanciers américains comme Steinbeck.

Petite dédicace à ma libraire qui m'a conseillée ce roman de Louise Erdrich. Je n'avais encore jamais osé ouvrir un de ses romans. Et pour ce roman plus précisément, j'avais quelques appréhensions au vu du titre. Très belle pioche et ce n'est sans aucun doute pas la dernière. Après cette chorale, je me plongerai bien dans le silence du vent….

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