Le livre des martyrs, tome 2 : Les portes de la maison des morts

Pourquoi faut-il que nous nous accrochions à ce que nous avons perdu tandis que nous ignorons ce que nous possédons encore ?

J’en ai fini avec ce monde, car je m’y retrouve seul.

Connaissez vos ennemis mieux qu’ils se connaissent eux-mêmes. Ainsi parlait l’empereur Kellanved.

Tenez vous en aux règles, lieutenant. Laissez le meurtre à ceux dont l'âme est déjà souillée.

Je connais des érudits qui prétendent pouvoir reconstituer des cultures éteintes en étudiant ce genre de détritus.

94 000 ans se sont écoulés depuis la dernière fois que je suis venu ici Mappo. 94 000 ans? Il doit y avoir une erreur aucune cité en ruine ne pourrait survivre aussi longtemps, n'est-ce pas ?

Quel besoin avons-nous de temples ou de prêtres pour enchaîner et guider l'expression de la perte et du désarroi...dès lors que tout est sacré ?

Vous ne pouvez pas vous empêcher de me lancer des piques. Ce que je veux dire, c’est que j’apprécie de me sentir aimé par quelqu’un que j’admire …

Les rames étaient maniées par des cadavres décapités , tris sur chaque banc.D'autres paquets enveloppés de peau de phoque s'entassaient dans tous les recoins imaginables . Une silhouette sans tête était assise derrière un tambour en peau , les deux mains crispées sur d'étranges bâtons ressemblant à des calebasses;L'individu était doté d'une musculature imposante.Il n'y avait pas trace de décomposition sur aucun des corps.Des os blancs et une chair rouge luisaient au niveau des cous.

Les enfants mouraient. La nuit précédente, il s'était accroupi auprès d'une mère et avait posé la main sur son épaule tout en regardant avec elle la vie abandonner peu à peu le bébé qu'elle tenait dans les bras. Telle la lumière d'une lanterne qui faiblit, faiblit encore, jusqu'à s'éteindre. L'instant où le combat est d'ores et déjà perdu, l'instant du renoncement, celui où le minuscule coeur ralentit, conscient de sa propre fin, puis s'arrête dans une silencieuse interrogation.Pour ne plus jamais repartir.