Réouissez -vous, car les extraterrestres viennent sauver la Terre de l'humanité, et l'humanité d'elle-même. Un Premier contact qui est surtout une excuse pour que
Steven Erikson laisse libre cours à sa misanthropie, par l'intermédiaire de son héroïne et de son interlocuteur IA alien.
Outre le ton condescendant, deux éléments du roman en particulier le rende très déplaisant à lire:
Le premier, la glorification ridicule des auteurs de science-fiction, élevés à un rôle quasi messianique, comme les seules personnes aptes à guider l'humanité dans ce bouleversement, loin devant les scientifiques, politiciens ou militaires complétement dépassés. Leur supériorité est rappelée sans arrêt, avec des scènes ahurissantes comme la première ministre canadienne ordonnant à ses conseillers scientifiques d'embaucher des auteurs de science fiction dans leur équipe en leur disant "vous les scientifiques n'avez aucune imagination".
La justification brandie par tout les personnages est que "leur métier est d'imaginer l'avenir". C'est comme si on demandait à des scénaristes hollywoodiens de diriger l'armée sous prétexte qu'ils ont fait des films de guerre.
Le second est le personnage de Samantha August, protagoniste principale et parfait exemple de Marie Sue, c'est-à-dire d'héroïne idéalisée auquel tout réussit. Elle est choisit comme premier contact par l'IA alien conduisant l'intervention au motif de l'engagement politique ses écrits. A la rigueur, pourquoi pas ? Sauf que le personnage est profondément antipathique. Elle est présentée comme brillante, engagée et franche. En réalité, elle est arrogante, condescendante et insultante.
Un exemple : elle croit en dieu, elle le sous-entend à plusieurs reprise et le confirme lors de son discours à l'ONU (dans un passage totalement hors-sujet d'ailleurs puisqu'il n'était pas question de métaphysique). Elle en a le droit. Sauf qu'elle passe son temps à insulter les athées. Il y a même un passage ou sont mis sur le même plan "le dogme intégriste et la reddition athéiste des rationalistes" ; au dernières nouvelles, les athées ne commettent pas d'attentats.
Dans une de ses citations en début de chapitre, Samantha August dit que puisque la perception humaine est limitée nier l'existence de dieu est "présomptueux et arrogant" et que ceux qui défendent l'idée d'un univers purement mécaniste ne savent "que dalle". Pour reprendre l'analogie de la théière de Russell, si quelqu'un prétend qu'une théière orbite entre Mars et la Terre, et précise qu'elle est trop petite pour être vue par les télescopes, alors on ne peut pas prouver qu'il a tort. Mais rejeter en bloc cette affirmation insensée, ce n'est pas être "présomptueux et arrogant".
Et le livre est remplis d'affirmation comme cela. Samantha August et son interlocuteur extraterrestre détiennent la science infuse, et quiconque n'est pas de leur avis est un imbécile dont l'opinion doit être ignorée et trainée dans la boue. Ce qui n'est pas bien dur vu que tout les opposants aux changements imposés par les extraterrestres sont des clones de Trump, des bigots exaltés, ou des requins de la finance sociopathes. Les partisans de Samantha August sont encore plus ridicule dans leur admiration exagérée (exemple: lorsqu'elle s'arrête pour allumer une cigarette avant son discours à l'ONU, l'un des téléspectateurs trouve cela "incroyablement courageux").
Quand à cette vision du futur que Samantha et l'IA ont pour l'humanité (ils ont beau avoir des débats houleux sur des détails, ils sont d'accord sur tout dans les grandes lignes), c'est tous simplement l'utopie fantasmée du forum de Davos, à base de village mondial, de "no border", de disparition des états-nation, de solution scientifique miracle à la crise écologique, de haute technologie pour tout le monde et de culpabilisation décoloniale.
En résumé, un livre faisant une critique manichéenne et simpliste du monde actuel et proposant des solutions irréalistes grâce à une technologie alien proche de la magie. A moins que vous ne soyez fan de la morale de bisounours, passez votre chemin.