AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur La place (367)

Il m’avait élevée pour que je profite d’un luxe que lui-même ignorait, il était heureux.
Commenter  J’apprécie          50
Il n'avait pas appris à me gronder en distingué et je n'aurais pas cru à la menace d'une gifle proférée sous une forme correcte.
Commenter  J’apprécie          00
Mais il détestait aussi les grandes phrases et les expressions nouvelles qui ne voulaient rien dire. Tout le monde à un moment disait "sûrement pas" à tout bout de champ, II ne comprenait pas qu'on dise deux mots se contredisant. P63
Commenter  J’apprécie          00
Je travaillais mes cours, j'écoutais des disques, je lisais, toujours dans ma chambre. Je n'en descendais que pour me mettre à table. On mangeait sans parler. Je ne riais jamais à la maison. Je faisais de "l'ironie". C'est le temps où tout ce qui me touche de près m'est étranger. J'émigre doucement vers le monde petit-bourgeois, admise dans ces surboums dont la seule condition d'accès, mais si difficile, consiste à ne pas être cucul. Tout ce que j'aimais me semble péquenot, Luis Mariano, les romans de Marie-Anne Desmarets, Daniel Gray, le rouge à lèvres et la poupée gagnée à la foire qui étale sa robe de paillettes sur mon lit. Même les idées de mon milieu me paraissent ridicules, des préjugés, par exemple, "la police, il en faut" ou "on n'est pas un homme tant qu'on n'a pas fait son service". L'univers pour moi s'est retourné.
Commenter  J’apprécie          00
J'écrit peut-être parce qu'on n'avait plus rien à se dire.
Commenter  J’apprécie          00
Pour manger, il ne se servait que de son Opinel. Il coupait le pain en petits cubes, déposés près de son assiette pour y piquer des bouts de fromage, de charcuterie, et sau-cer. Me voir laisser de la nourriture dans l'assiette lui faisait deuil. On aurait pu ranger la sienne sans la laver. Le repas fini, il essuyait son couteau contre son bleu. S'il avait mangé du hareng, il l'enfouissait dans la terre pour lui enlever l'odeur. Jusqu'à la fin des années cinquante, il a mangé de la soupe le matin, après il s'est mis au café au lait, avec réticence, comme s'il sacrifiait à une délicatesse féminine.
Commenter  J’apprécie          00
Dans le train du retour, le dimanche, j'essayais d'amuser mon fils pour qu'il se tienne tranquille, les voyageurs de première n'aiment pas le bruit et les enfants qui bougent. D'un seul coup, avec stupeur, "maintenant, je suis vraiment une bourgeoise" et "il est trop tard".
Plus tard, au cours de l'été, en attendant mon premier poste, "il faudra que j'explique tout cela". Je voulais dire, écrire au sujet de mon père, sa vie, et cette distance venue à l'adolescence entre lui et moi. Une distance de classe, mais particulière, qui n'a pas de nom. Comme de l'amour séparé.
Commenter  J’apprécie          230
J'ai fini de mettre au jour l'héritage que j'ai dû déposer au seuil du monde bourgeois et cultivé quand j'y suis entrée
Commenter  J’apprécie          00
J'ai glissé dans cette moitié du monde pour laquelle l'autre n'est qu'un décor. Ma mère écrivait, vous pourriez venir vous reposer à la maison, n'osant pas dire de venir les voir pour eux-mêmes. J'y allais seule, taisant les vraies raisons de l'indifférence de leur gendre, raisons indicibles, entre lui et moi, et que j'ai admises comme allant de soi. Comment un homme né dans une bourgeoisie à diplômes, constamment « ironique», aurait-il pu se plaire en compagnie de braves gens, dont la gentillesse, reconnue de lui, ne compenserait jamais à ses yeux ce manque essentiel : une conversation spirituelle.
Commenter  J’apprécie          10
Anecdote qui plaisait beaucoup : un paysan, en visite chez son fils à la ville, s'assoit devant la machine à laver qui tourne, et reste là, pensif, à fixer le linge brassé derrière le hublot. A la fin, il se lève, hoche la tête et dit à sa belle-fille : "On dira ce qu'on voudra, la télévision c'est pas au point."

- p.70 -
Commenter  J’apprécie          560






    Lecteurs (11646) Voir plus



    Quiz Voir plus

    La place (Annie Ernaux)

    De quel roman la narratrice doit-elle expliquer un passage pour les épreuves pratiques du Capes ?

    Le Père Goriot
    Madame Bovary

    15 questions
    170 lecteurs ont répondu
    Thème : La place de Annie ErnauxCréer un quiz sur ce livre

    {* *}