Citations sur Le salon de beauté (27)
Elle commençait à maîtriser certains codes. Dolce & Gabbana, Armani ou Versace étaient pour elles des manières de dire les choses sans avoir à s'exprimer à cor et à cri. (...)
Ses efforts pour interpréter son personnage étaient tels que tout son argent partait dans ce qu'on pourrait appeler son costume de scène. (p. 171)
Je hais les faux ongles aux couleurs extravagantes, les cheveux teints en blond, les blouses de soie synthétique et les boucles d’oreilles clinquantes en plein après-midi. Jamais tant de femmes n’ont ressemblé à des travestis ou à des prostituées déguisées en bonnes épouses.
Sa mère misait sur la beauté de Karen pour sortir de la pauvreté. (p. 36)
ça m'étonne que personne ne remarque jamais la beauté singulière de la lumière sur la ville. Je crois que si j'étais artiste, je me lèverais aux aurores pour essayer de capter cette terracotta vitreuse qui descend de la montagne. J'aurais bien aimé être artiste. Pourquoi pas photographe. Ce serait un beau projet de prendre des centaines de photos de gens différents, mais exactement à la même heure. (p. 150)
Alors je m'étais adaptée,et, à force de m'adapter, j'étais devenue transparente. (p. 58)
Ce qui lui est confié en cabine n'en sort jamais. Comme le thérapeute ou le confesseur, l'esthéticienne doit faire voeu de silence. (...)
Pendant quinze minutes, une demi-heure, parfois plus, elle s'isole du monde, se connecte à son propre corps, au silence, et souvent à une intimité qui l'encourage à confier des choses qu'elle n'avoue à personne, pas même à ses proches. (p. 30)
Pour sa famille, ses amies et les gens qu'elle connaissait, coucher avec un préservatif revenait a se faire traiter de pute. "S'il y a de l'amour, il n'y a pas de capote", récitait dona Yolanda. Puis elle complétait sa phrase par l'une de ses nombreuses superstitions: "Quand un homme dit qu'il t'aime, regarde sa pupille. Si elle se dilate, c'est qu'il ment." Nixon lui avait dit qu'il l'aimait et sa pupille n'avait pas bougé.
Ces tout petits désirs qui me restaient, ils sont partis maintenant, et dans mes veines, il n'y a plus que de la tristesse qui coule.
(...) Les gens n'y habitaient plus à cause de l'insécurité. Dans cette ville, il n'y a pas d'espace où rester entre la rue et à l'intérieur de chez soi. Il faut mettre des obstacles, des limites, des barrières de protection. Un gardien, voire plusieurs, une grille, si possible électrifiée, un chien féroce...( p. 88)
Karen trouvait étrange qu'à Bogota les gens ne se réunissent dans la rue que lorsqu'il y avait un mort, un cambriolage ou un accident. Le reste du temps, tout le monde restait enfermé chez soi. (p. 97)