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Critique de argali


Ce long roman de 700 pages, paru l'an dernier, est une fresque romanesque et une étude de moeurs en même temps qu'un récit historique. La toile de fond est le Paris de la Collaboration, période sombre dont chacun des protagonistes préférerait ne pas se souvenir à la fin de la guerre.
L'intrigue tourne autour de trois personnages : Guillaume, un jeune homme de 19 ans au début du récit, son frère Victor et leur demi soeur Pauline. Ayant grandis sur l'île anglo-normande de Malderney, Guillaume et Victor s'évadent chaque été vers Paris et le continent grâce aux récits de Simon Bloch, un riche Parisien passant ses vacances sur l'île. Quand l'arrivée de Pauline vient semer le trouble dans leur indéfectible complicité fraternelle, Guillaume choisit l'exil et demande l'hospitalité à Simon. Nous sommes en 1939 et Guillaume est entrainé dans la vie tourbillonnante et insouciante des nuits parisiennes. Jusqu'à ce que l'Histoire le rattrape.

Malgré quelques longueurs, ce roman se dévore d'un bout à l'autre tant l'auteur sait ménager le suspens et réserver, jusqu'au bout, des rebondissements qui maintiennent l'intérêt. Peignant un tableau assez complet de cette période et des choix douloureux des protagonistes, l'auteur analyse finement la mécanique humaine et pose une question essentielle : est-on maître de son destin ?

Intelligent et très documenté, d'une écriture limpide et forte, ce roman est passionnant. Mettant en scène une foule de personnalités de l'époque (de Rebatet à Sartre, en passant par Cocteau, Marais, Gallimard, Denoël, Céline, Brasillach, Petiot…) héros, anti-héros, collabos, il réussit le pari d'allier réalité et fiction, mettant en lumière la tolérance doucereuse et attentiste qui était l'état d'esprit de l'époque. Opportunistes, vrais collabos, trafiquants, cyniques, profiteurs, traitres… nous découvrons une belle brochette de personnages plus ou moins fréquentables, échantillon représentatif de la « bonne société » parisienne de l'Occupation, à la morale consensuelle.
(En marge de cette lecture, j'ai passé des heures sur internet à la recherche de renseignements sur le Paris de cette époque et ai fait des découvertes passionnantes.)

Le seul reproche que je ferais à ce roman c'est que, bien que la psychologie des personnages soit assez fouillée, on ne perçoive pas d'engagement véritable de la part de Guillaume. Il subit les événements, les rencontres, les influences, n'ayant –apparemment- aucune conviction personnelle, aucune valeur propre. Un mou, balloté par l'Histoire. Fut-il maître de son destin ?
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