Monsieur,
Je possède un grand nombre de tableaux de ma main que j'ai l'intention de vous vendre. J'en demanderai un prix élevé et sans précédent, non disproportionné cependant à la richesse que votre famille a volé de toutes parts.
Oui, vous jugerez même ce prix modeste, vu la valeur extrêmement élevé, valeur purement matérielle, que mes tableaux représentent pour la maison royale.
Aussi, me serez vous reconnaissant de l'occasion que je vous offre.
Mais je dois commencer par vous dire ce que je pense faire de l'argent que vous me donnerez.
Je suis un vieillard, sans famille, sans ambitions personnelles ; je vis d'une petite rente qui me suffit.
Je laisserai donc la somme totale, en héritage, "aux gens de la montagne qui n'oublient pas"...
(extrait de "le cœur des rois", nouvelle du volume paru aux éditions "J'ai lu" en 1970)
- Vous comprenez, dit-il en se tournant vers le Président, la pire chose c'est : quand le criminel lui-même, le criminel le plus misérable, le plus vil, nous amène à la conviction qu'il est encore au-dessus, oh! bien au-dessus de nous, de nous, hypocrites serviteurs de la justice ; quand ce criminel nous montre, dans l'abîme de son infamie, une sublimité qui, d'un souffle, transforme en loques tout notre fatras de formules; quand ce criminel nous arrache de la poitrine la cuirasse de fer de toutes les lois et de tous les paragraphes, pour la fondre comme par le feu, au point de nous faire ramper devant lui, dans la poussière, nus comme des vermisseaux...