Heinz Ewers est le produit de son époque, et de son pays. Ainsi s'explique par son appartenance au parti nazi l'immondice qui transparaît parfois entre ses histoires. La haine du juif, sur lequel il plaque les pires clichés racistes lors d'une nouvelle, et surtout, cette assurance que l'homme blanc est supérieur au reste lorsqu'il décrit la vie d'un expatrié d'un certain âge à Haïti, pour qui le noir est avant tout un nègre, et les très jeunes filles, des domestiques bonnes à mettre dans son lit de vieillard allemand.
Ceci est un sentiment de fond, mais ce n'est pas l'essentiel. Heinz Ewers est avant tout fasciné par la violence et la déshumanisation. Passionné par
Sade, autoproclamé spécialiste en satanisme, sa vision du vaudou, dans sa dernière nouvelle, n'est qu'un ramassis de clichés d'homme blanc.
Alors pourquoi lui mettre quelques étoiles ?
Parce que dans sa fascination pour la violence, il faut lui reconnaître une précision d'écriture remarquable, qui transforme la première histoire - un simple combat au couteau - en un spectacle éprouvant à lire. Et je retiendrais aussi cette autre nouvelle, " le coeur des rois ", qui se base d'après un fait historique authentique d'un morbide glaçant, que je ne connaissais pas.
Au final, par la faute de sa passion primaire pour la violence et la déshumanisation qui efface tout autre discours ou raisonnement, et par sa philosophie en filigrane, j'oublierai vite ses nouvelles, à qui il manque une vision humaine pour m'être intéressantes. Mais il restera dans ma mémoire quelques fulgurances d'horreur et de malsain, comme une leçon donnée à bon nombre d'écrivains contemporains d'horreur. Une approche anti-esthétique de la violence qui lui donne justement une esthétique efficace.