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Critique de Bibliozonard


L'HISTOIRE

Rien ne destinait Alex Woods à subir un interrogatoire en bonne et due formes par deux inspecteurs dans la salle C du commissariat de Douvres !
Improbable est le mot le plus approprié et sans contestation possible, surtout quand il s'agit d'un gamin inoffensif de 17 ans qui n'a jamais quitté le Comté du Somerset. Il est dans le collimateur des autorités et des médias internationaux. En partie, à cause de sa relation ambigüe avec Mr Peterson, homme d'âge ancien ; mais aussi à cause de la découverte, dans la voiture qu'il conduisait, de 113gr de marijuana dans la boite à gants, un mort à ses côtés.
Lors de son interpellation au poste frontière, ses réactions furent pour le moins déstabilisantes.

La conclusion, soit il est un coupable fou, soit un coupable très intelligent.

Quoi qu'il en soit Alex Woods nous raconte comment il en est arrivé là, tout simplement.

Ce qu'il faut savoir, c'est que le plus incroyable se passa des années bien avant. Quel détour !
Ce petit bout d'homme épileptique, souffre douleur de ses « camarades » d'écoles, à l'air freluquet, était déjà populaire dans sa région de Grande Bretagne à cause d'un météorite qui lui tomba sur la tête à l'âge de 10 ans.
Sa rencontre avec Mr Peterson, ancien combattant du Vietnam, veuf, grincheux, attachant, fut un autre tournant capital de sa vie ; il devint rapidement un ami, un père de substitution, un lien ferme et solide qui l'initia à Vonegut (écrivain de SF) ; la relation remplaça un père fantôme ainsi que la surprotection d'une mère qui travaillait dur, trop stricte et très attentive. En somme, ils sont François Cluset et Omar Sy dans Intouchables. Ces deux-là vivent une incroyable histoire.



COMMENTAIRES


Allegro de la composition :

Je ne sais pas mais... peut-être que je... un chapitre, le premier du livre, soit vingt-sept pages, seulement, une sensation étrange, forte comme celle surgie de nulle part après « La conjuration des imbéciles » ; est-ce un bon augure pour tout le reste ? Aurais-je trouvé après autant d'années une pépite ; serait-ce la fin d'un long cycle de déception, la fin d'un interminable ennui de lecteur ?
En tout les cas face à l'univers d'Alex Woods, je me sens intimidé et très bousculé ; pourvu que l'effet dure encore quatre cents pages.

L'effet s'atténua mais ne disparu pas.
C'était juste pour devenir l'andante du livre,
un long souffle de curiosité :

Gavin Extence va souvent dans le détail par rapport à toute chose environnante.
Logique, il s'agit de l'univers que se crée le gamin qui décrit avec ses mots, de manière intelligible.
Par exemple dans le ch.2 la rigueur scientifique des explications à propos de l'exceptionnel accident rend la chose crédible.
Ou encore après s'être bagarré dans un bus pour défendre le livre qui n'était pas à lui (que Mr Peterson lui avait prêté), Alex calcule la distance-vitesse-temps, après que l'objet fut jeté par la fenêtre du bus scolaire, dans l'espoir de le récupérer.

Malgré la maladie dès ses 11 ans, Alex relativise grâce aux auteurs qui réussissent à le toucher :

« Avec eux, je ne me sentais plus confiné dans un univers restreints, cloîtré dans mon appartement, dans ma chambre. J'étais confiné certes, mais dans mon cerveau, ce qui n'avait rien de si terrible. Car mon cerveau, avec l'aide d'autres cerveaux, me permettait de voyager et de découvrir des endroits fabuleux. Et malgré ses disfonctionnements, après tout, il n'était pas le pire endroit de la Terre. » (P82)

Il se débrouille seul. Cela lui permet de canaliser son stress et d'éviter les crises d'épilepsie.
Il est d'une maturité étonnante, en cela aussi l'histoire est particulière.
Il parle de chaos et d'ordre, d'amour de l'astrophysique comme les « fouteux » parle ballon !
Ce n'est pas chez tout les ados que l'on pense :
« Je me disais qu'il devait être très gratifiant de travailler pour une institution mue par des idéaux aussi nobles, et j'ai décidé qu'après neurologue et astronome, bibliothécaire serait mon troisième choix de métier. » (P196)
Il est question de l'apprentissage des questions existentielles : la mort, Dieu, l'athée, l'amitié, Nietzsche – théorie sur l'éternel retour p227, Vonegut – tout le temps, la quête de sens, le temps selon Eisntein en p324.
Tous ces sujets qui nécessiteraient des pages de débats…

Pour le plaisir laissons notre imagination voguer, apparaît alors un film tiré du roman où Peterson est interprété par Jack Nicholson et Woods par un jeune prodige du genre Finn Wolfhard (Stranger Things, Ca), pas mal hein !




Clôture,
Concert pour piano n°21 en C majeur de Mozart !
Il y a dans L'allegro le premier baiser,
l'adieu devant la mort dans l'andante,

Ce concert est la beauté ondoyante du livre,
de la mélodie de l'amour pour sa mère,
de ses yeux tournés vers les étoiles,
de son coeur battant pour la connaissance.
Un mélange de haute voltige
au tempo gracieux.

Et les notes fusent.
Sentez l'ampleur de l'inspiration.
L'harmonie des âmes.

On pourrait finir avec ceci :

« L'âme n'est-elle pas justement cette chose dont on ne doit pas parler, au risque d'incommoder ? On ne doit ni ne peu.
Qu'on s'y hasarde, et l'on se découvre aussi démuni que celui qui chercherait à définir par exemple ce qu'est le temps, la lumière ou l'amour.
Pourtant, ce sont là des éléments dont aucun de nous ne saurait nier l'existence, et dont notre existence même dépend. »
(« de l'Âme », François Cheng, p10)

Ou encore avec ceci :

Le gamin pourrait être à lui seul un paragraphe,
d' « Une brève histoire de l'humanité » de Yuval Noah Harari commençant par :

Puis il y eu Alex Woods face à l'univers.

THE END
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