Même s'il s'est donné des airs de vieux Marabout-Junior, ce livre n'aura à aucun moment réussi à se hausser jusqu'au niveau de ses ambitions.
De la double vie d'aventures, il n'aura fait qu'effleurer le sensationnel et l'inattendu.
Car, me semble-t-il, il ne sera rien venu ajouter à ce qui a déjà été cent fois écrit et mille fois entendu.
Rien de bien neuf, donc, dans "la Vallée infernale" !
"
Henri Vernes & Bob Morane - une double vie d'aventures" est un essai de
Daniel Fano, paru en 2007 dans la collection "Escales des Lettres" des éditions "le Castor Astral".
De la biographie annoncée en couverture, il ne sera plus question, dès la page 13, que d'un acte d'amitié, une sorte de "tribute to monsieur Henri".
Et aussitôt dit, aussitôt fait, l'essai se transforme en mallette fourre-tout un peu brouillonne, et surtout très superficielle.
Il faudra donc bien dire à un moment que la déception était au bout de ma lecture.
Trois entretiens réalisés en 2006 et 2007 par
Daniel Fano avec
Henri Vernes, "Bob Morane à la loupe" un carnet de notes d'une petite cinquantaine de pages, dix-sept témoignages, une anthologie, des évocations et quelques autres babioles ; le tout est ordonné en un peu moins de trois cent pages.
Le légendaire était de poids et l'essai prometteur.
Mais les entretiens sont d'une platitude qui n'a d'égale que leur inconsistance, le carnet de notes est tissé de réflexions et d'analyses littéraires qui oscillent entre quelques fulgurances et de nombreuses comparaisons quelque peu hasardeuses dont je laisse l'entière responsabilité à
Daniel Fano.
Les dix-sept témoignages n'en disent pas plus, et parfois s'écoutent même témoigner.
Un certain
Jean-Baptiste Baronian y professe d'ailleurs (p146) que :
"Au vrai, Bob Morane est écrit, ce qui n'était pas le cas des autres séries publiées en Pocket-Marabout, et c'est une des raisons pour lesquelles Bob Morane traverse les générations".
Que Dieu me savonne, que Jo Gaillard, que Dylan Stark et que Nick Jordan me pardonnent, c'est faire là bien injure à
Jean-Paul Duvivier, à
Pierre Pelot et à
André Fernez, et oublier bien vite, les splendides descriptions, les portraits en pieds et les éloquentes ambiances.
Beau moment de clairvoyance donc pour un ancien responsable de collection, et malgré que Mr
Baronian semble avoir été directeur littéraire chez Marabout dans les années 70, je me permets pourtant bien modestement de lui suggérer de relire "
pour sauver l'Edmonton" où la tempête semble réellement se dégager des mots de
Jean-Paul Duvivier, "quatre hommes pour l'enfer" qui ouvre une saga où tout le talent et le style qu'y déploie
Pierre Pelot annonce déjà le grand écrivain qu'il va devenir, et, pour finir, "
sans nouvelles de Nick Jordan" afin d'en avoir !
Ce livre de
Daniel Fano est donc un livre de plus à ajouter au dossier "Bob Morane".
Il en ressort quelques petites anecdotes et nouveaux détails à connaître, mais rien de bien indispensable, rien de bien nouveau et rien de vraiment passionnant.
Il faudra donc encore attendre une autre lecture, plus évocatrice et plus fouillée, pour sortir de la rosace, et faire un bout de chemin supplémentaire avec
Henri Vernes, Bob Morane et ... tonton Ballantine, bien sûr ...