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Critique de Diabolau


Depuis le temps que j'en entendais des dithyrambes sur Fante, il fallait bien que je m'attaque un jour à son oeuvre. Ayant quelques a priori contre l'autofiction, j'ai pris mon temps, mais j'ai finalement décidé de faire comme Bukowski (qui signe la préface) et de commencer par celui-ci.
N'ayons pas peur des mots : j'ai pris une claque, tout comme le grand Charles.
Ce qui frappe en tout premier lieu, c'est la faculté de l'auteur à captiver son auditoire avec une histoire des plus simples. On cherchera en vain coups d'éclat, bagarres ou retournements de situation, il n'y en a goutte, c'est une histoire de tous les jours, de quelques laissés-pour-compte parmi des milliers d'autres dans le Los Angeles des années trente, d'une banalité presque à pleurer. Et pourtant, c'est puissant et profond, par cet art de l'exégèse des sentiments, ceux d'un homme mis à nu, lui et ses quelques camarades de galère.
Par cette puissance d'introspection, on est avec Arturo Bandini. On est derrière lui, à côté de lui, côte à côte, on pourrait presque lui taper sur l'épaule. On n'est pas lui, non. Personne ne peut l'être, il est inimitable. Car quel personnage que ce Bandini ! Un monument de paradoxe, de mauvaise foi et d'autodérision, qui nous donne alternativement envie de le serrer dans nos bras, de s'arracher les cheveux devant sa nullité crasse, ou de lui botter le cul (quand il s'apitoie sur son sort, ce qui arrive assez fréquemment, quoi qu'il en dise). La culpabilité judéo-chrétienne en toc est probablement le clou du spectacle de ce loser impénitent, terrible et assumé. Si terriblement humain.
Quant à sa relation impossible et torturée avec la mexicaine Camilla, on y trouve tous les paradoxes de l'Amérique multiculturelle et pluriethnique, avec le rêve lointain de gravir les échelons d'une société que l'on devine impitoyable. C'est l'une des relations homme-femme les plus complexes, les plus belles et les plus intelligentes qu'il m'ait été donné de voir en littérature.
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