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Citations sur Impasse Verlaine (73)

Vendredi est fière, elle rit de la victoire de sa fille ; les yeux baissés,
noyés dans le plat, j’ai la tristesse grosse de celle qui va trahir. Je ne peux
pas lui dire que ce bac, je l’ai aussi obtenu pour la fuir.
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On n'est jamais mieux servi que par soi-même quand il s'agit du destin.
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...C'est ainsi que le jardinier-magicien de la rue de la Confiance explique aux avortons issus de l'immigration qu'ils ne seront jamais complets, mais que la perte de soi a toujours une compensation. Même si certains perdent leur parfum pour se concentrer sur leur couleur flamboyante et si d'autres plus rêveurs, exhalent des arômes étourdissants sous une pâleur suspecte.
Très vite, j'ai un secret. J'espère être une rose spéciale, une rose qui a tout compris ; je prie pour être belle et sentir bon.
Rosa Odorata.
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De l'Algérie, je n'ai jamais rien vu d'autre que ce lacet de paysages et de bourgades croisées sur une centaine de kilomètres. Faute d'argent, faute d'y penser, faute de je ne sais quoi, on ne bouge jamais de la maison de parpaings.
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Vendredi explique le sens de la vie : les jours qui partent, c’est mieux que les jours qui viennent. Elle a le rétroviseur verrouillé dans la rétine. Rien de ce qui existe ne compte, rien de ce qui arrive n’est là, et quand le passé est trop douloureux, elle préfère le changer : sa mère ne l’a jamais battue, son père n’a jamais rencontré de soldats, son enfance est une enfance heureuse, elle n’a fait qu’égrener des malheurs comme des petits cailloux blancs dans une Algérie merveilleuse et édénique où le mal n’a pas le droit d’exister. Vendredi explique les revirements de la fortune par le mauvais œil : l’aïn.
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Elle imagine un monde où il n’y a pas de murs ni de mère, un monde où l’on mange des meringues en regardant le ciel, un monde où les maisons fermées n’existent pas, où l’index et le majeur vêtus de robes sont des poupées.
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Vendredi a la beauté du diable et enchante ses journées. Elle court autant que les brebis et sait rameuter le troupeau comme un gracieux petit chien. Le berger ne sait ni lire ni écrire parce que cela ne sert à rien. L’essentiel est de savoir compter. Grâce à lui, Vendredi peut additionner et soustraire mieux que personne. Quelquefois, la petite fille plonge dans de longues siestes et ronfle à faire sursauter les mouches qui tournoient autour des excréments du troupeau. Les immenses journées d’ennui et d’oubli l’éloignent du giron totalitaire du foyer. Vendredi vit là les meilleurs moments de sa vie. Jusqu’au jour de la grande soif. Son père n’a jamais bu d’alcool. Paraît qu’au contraire c’était un grand buveur d’eau. Paraît même qu’il en est mort. Assis sur un monticule, il se tient les côtes de rire : Vendredi amorce des cabrioles depuis le haut de la colline, et dévale la pente comme un ballot de tissus multicolores ; quand elle se relève, elle ne tient pas sur ses jambes, titube jusqu’à se cogner contre les oliviers rachitiques aux branches écartelées. Puis elle remonte à quatre pattes pour de nouveau partir dans une série de roulades désordonnées sans jamais s’épuiser.
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Dès qu’elle peut, Vendredi triche, libère ses mollets. Quand ses beaux genoux sont à la lumière, elle se sent forte, non pas comme ces ombres coupables qui glissent le long des murs. Elle prend un air, comme ça, lève le menton, parce qu’elle est la seule à connaître la beauté véritable et qu’elle domine l’ignorante soumission des autres. Elle ne le sait pas encore, elle ne le dit pas encore, mais il lui répugne un peu d’être une fille et quand elle traverse la ville pour retrouver son père, elle se secoue des regards invisibles qui plombent sa démarche.
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Le vent d’hiver vient déjà du nord, le vent des Aurès lui manque. Sur le chemin, elle verse quelques larmes en pensant à ses champs et à ses brebis, ses innocences perdues. Mais cela, elle ne le raconte pas, ma mère a sa dignité berbère ; on ne dit pas n’importe quoi quand on boit du thé, même lorsque le miel colle aux dents.
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Vendredi déteste les poux. On doit être propre et ne pas avoir l’air arabe,
ça va ensemble. Pas question d’être confondu avec ceux qu’elle désigne du
doigt hautain de sa noblesse acquise en passant la Méditerranée.
Et pour ça, elle investit : je pue souvent l’insecticide, le Para-Poux, le
Hégor et autres Marie-Rose. On est Rothschild quand il s’agit d’acheter des
produits capillaires et ménagers.
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