AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Les civilisés (18)

Il y a des gens de tous les pays européens, français surtout, coudoyant l'indigène avec une insolence bienveillante de conquérants ; et françaises en robes de soir, promenant leurs épaules sous la convoitise des hommes ...
Commenter  J’apprécie          180
- Je ne réédite pas pour vous, mon cher amiral, les sottises humanitaires tant de fois ressassées à propos des conquêtes coloniales.
Je n'incrimine point les colonies.
J'incrimine les coloniaux, - nos coloniaux français ...
Commenter  J’apprécie          100
Saïgon, proclama-t-il, capitale civilisée du monde […] libres de frein et de joug, ils se sont mis à vivre selon la bonne formule : minimum d’effort pour maximum de jouissance. Le respect humain ne les gênait pas, parce que chacun dans sa pensée s’estimait supérieur aux autres […]
Commenter  J’apprécie          70
Torral ricana.
- "Séance de catéchisme. Je crois en un seul dieu: l'évolution déterministe; je crois au bien et au mal en tant que règlement d'utilité sociale, prudemment inventé par les malins contre les niais; et je crois même que l'homme est composé d'un corps et d'une âme, celle-ci étant mathématiquement définie, l'intégrale des réactions chimiques de celui-là. - Maintenant, pour plus ample commentaire, j'ajouterai que ce catéchisme des Civilisés, - est un secret qu'il faut cacher aux peuples, parce qu'ils en sont indignes, et réserver aux seuls individus d'élite, dont je suis. Toute civilisation doit être ésotérique; et la profanation des mystères rebrousse l'évolution vers la barbarie.'
Il tira les dernières bouffées de sa cigarette et l'éteignit sous son pied.
- "J'imagine d'ailleurs que tu sais tout cela comme moi?"
(...)Fierce baissa la tête. Que répondre? Torral parlait vrai, et rien ne pouvait être opposé à son dogme irréfutable. Tout à coup, parmi les fantômes de sa pensée, Fierce revit Melle Sylva, - candide, croyante, absurde, heureuse.
- "Eh oui! cria-t-il soudain. Je sais tout cela. Ton catéchisme; je l'ai appris au collège; et je le pratiquais d'instinc, avant de l'avoir appris: - et il n'y a de vérité qu'en lui, et tout le reste est mensonge. - Oui, parbleu, je sais tout cela. Mais encore? Il n'y a ni dieu, ni loi, ni morale; il n'y a rien, que le droit pour chacun de prendre son plaisir où bon lui semble, et de vivre aux dépens des moins forts. - Et puis? - J'en ai usé, de ce droit; j'en ai abusé. Et j'ai fait ma maîtresse de la vérité la plus égoïste et la plus implacable; est-ce ma faute, si j'étouffe aujourd'hui entre ses bras? est-ce ma faute, si j'ai trouvé la lassitude et l'écoeurement là tu dis qu'est le bonheur? Ne pas souffrir, - ne pas sentir! cela ne me suffit plus. J'ai soif d'autre chose. Je ne me résigne plus à vivre pour manger, boire et me coucher. Et je n'en veux plus, de cette vérité, qui n'a rien de meilleur à m'offrir; j'aime mieux le mensonge, j'aime mieux ses duperies, ses trahisons et ses larmes!
- Tu es fou.
- Non! j'y vois clair. La vérité, qu'ai-je à en faire? Rien, trois fois rien! Ce qu'il me faut, c'est le bonheur. Eh bien, j'ai vu des gens vivre selon le mensonge, parmi tout le fatras des religions, de l'honneur et de la vertu; ces gens-là étaient heureux...
- Heureux comme des forçats à la double boucle.
- Et quand même? s'il fait meilleur dans le cachot qu'à la belle étoile?
(...)
Commenter  J’apprécie          60
Le chinois est voleur et le japonais assassin ; l'annamite l'un et l'autre.
Cela posé, je reconnais hautement que les trois races ont des vertus que l'Europe ne connaît pas, et des civilisations plus avancées que nos civilisations occidentales.
Il conviendrait donc à nous, maîtres de ces gens qui devraient être nos maîtres, de l'emporter au moins sur eux par notre moralité sociale.
Il conviendrait que nous ne fussions, nous, les colonisateurs, ni assassins, ni voleurs.
Mais cela est une utopie ...
Commenter  J’apprécie          50
Pas un d'entre nous n'en reviendra sans doute ; mais à mon âge, la mort est une auberge où, bon gré mal gré, l'on dînera dans la soirée ; peu donc importe l'heure exacte du dîner ...
Commenter  J’apprécie          40
Le propre des hommes civilisés est de jouer les sages le jour et les fous la nuit ...
Commenter  J’apprécie          41
On s'est levé de table. Au salon, Fierce abandonne sa voisine pour offrir des tasses de thé, un thé vert de Sze-Tchouen, dans des tasses de Sadzouma sans anse.Le gouverneur, orateur de talent qui se souvient de la Chambre, il en fut et il en sera, discourt sur les mœurs de la colonie, mœurs indigènes et mœurs importées.
« Le Chinois est voleur et le Japonais assassin ; l'Annamite, l'un et l'autre. Cela posé, je reconnais hautement que les trois races ont des vertus que l'Europe ne connaît pas, et des civilisations plus avancées que nos civilisations occidentales. Il conviendrait donc à nous, maîtres de ces gens qui devraient être nos maîtres, de l'emporter au moins sur eux par notre moralité sociale. Il conviendrait que nous ne fussions, nous, les colonisateurs, ni assassins, ni voleurs. Mais cela est une utopie. »
Courtoisement, l'amiral esquisse une protestation. Le gouverneur insiste :
« Une utopie. Je ne réédite pas pour vous, mon cher amiral, les sottises humanitaires tant de fois ressassées à propos des conquêtes coloniales. Je n'incrimine point les colonies : j'incrimine les coloniaux, nos coloniaux français , qui véritablement sont d'une qualité par trop inférieure.
Pourquoi ? interroge quelqu'un.
Parce que, aux yeux unanimes de la nation française, les colonies ont la réputation d'être la dernière ressource et le suprême asile des déclassés de toutes les classes et des repris de toutes justices. En foi de quoi la métropole garde pour elle, soigneusement toutes ses recrues de valeur, et n'exporte jamais que le rebut de son contingent. Nous hébergeons ici les malfaisants et les inutiles, les pique-assiettes et les vide-goussets. Ceux qui défrichent en Indochine n'ont pas su labourer en France ; ceux qui trafiquent ont fait banqueroute ; ceux qui commandent aux mandarins lettrés sont fruits secs de collège; et ceux qui jugent et qui condamnent ont été quelquefois jugés et condamnés. Après cela, il ne faut point s'étonner qu'en ce pays l'Occidental soit moralement inférieur à l'Asiatique, comme il l'est intellectuellement en tous pays..
Commenter  J’apprécie          31
- Je n'ai ni famille, ni foyer, dit Fierce.
- Personne ?
- Personne.
- C'est bien triste à votre âge... »
Fierce réfléchit. Un foyer, c'est une prison ; cette prison se complique de chaînes; les parents, les amis; rien en cela qui l'ait jamais tenté. Une famille ? monsieur, madame, et l'autre; des marmots piaillards et barbouillés; un peu de servitude, un peu de ridicule, un peu de déshonneur; séduisante mixture !
Fierce va rire. Mais, levant les yeux, il voit cette famille qui l'étonne et le déconcerte; cette mère souriante et tendre, cette fille pure et délicieuse... et très sincèrement il répond :
« Oui, triste, –quelquefois : quand il m'advient, juif errant que je suis, de découvrir, à une halte de ma route, un foyer paisible et chaud, et d'entrevoir, par une porte qui bâille, des maris contents, des femmes aimées, de beaux enfants. Ces soirs-là, mon navire est maussade, et ma solitude lourde, et malgré moi, je souhaite du mal à tous ces gens trop heureux. L'homme est une laide bête envieuse, qui ne prend sa joie que de la peine d'autrui, et réciproquement. »
C'est un mensonge bien rabâché que cette légende romanesque du marin errant, exilé de toute la terre, et nourrissant en silence une mortelle nostalgie de tendresse et de foyer ; un mensonge, toutefois, qui trompera sans fin toutes les femmes, parce que toutes, sous les vernis divers de leurs éducations, de leurs modes et de leurs poses, cachent un fonds identique de jobaderie sentimentale.
Commenter  J’apprécie          20
Je vous dis là des folies; n'en riez pas. J'ai bien le droit de déraisonner un peu loin de vous. Petite fiancée, saurez-vous jamais combien je vous aime? Songez que je n'ai jamais aimé personne avant de vous rencontrer ; songez que je n'ai point eu de sœur, ni d'ami ; songez que ma mère ne m'a pas caressé, que mon père ne se souciait de moi que pour me trouver des collèges toujours lointain.
C'est un cœur tout neuf que je vous apporte, un cœur qui n'a jamais servi ; et quoique vous soyez une petite sainte et moi un mécréant, c'est moi qui de nous deux suis le plus naïf et le moins blasé : car ces mots mêmes que je vous écris, et qui ne savent pas être assez tendres , hier encore je les ignorais.
Commenter  J’apprécie          20






    Lecteurs (107) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Quelle guerre ?

    Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

    la guerre hispano américaine
    la guerre d'indépendance américaine
    la guerre de sécession
    la guerre des pâtissiers

    12 questions
    3194 lecteurs ont répondu
    Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

    {* *}