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Critique de Brooklyn_by_the_sea


Une balade au pays des losers, belle et rugueuse comme une chanson de Springsteen, qui vous arrache le coeur et vous donne quand même la niaque, c'est tentant, non ?
Russell sort de taule et Maben sort de nulle part. Ils trainent chacun leur passé et leurs douleurs, et vont forcément finir par se croiser. Mais pas comme dans un roman “normal”, parce que Michael Farris Smith n'est pas un auteur “normal” : c'est un conteur extraordinaire.
D'abord, il prend le temps de poser son histoire et ses personnages, et tant pis si l'on ne comprend pas tout au début : on est déjà happé par son écriture poétique, son ton un peu sec sans atermoiements, son rythme lancinant. Ensuite, il raconte la vie d'Américains moyens dans une ville moyenne du Mississippi, et c'est comme si on y était, aussi paumé et aussi avide de réconfort que ses protagonistes. Russell et Maben sont présentés dans toutes leurs nuances, et ils sont accompagnés d'une flopée de personnages secondaires tout aussi denses. Enfin, malgré un titre original un peu plombant (“Desperation road”) et malgré sa violence, ce roman exalte la douceur et l'urgence de vivre ; ses descriptions de la Nature et des virées en voiture dans la nuit d'été, la radio à fond et le vent chaud dans les cheveux, ont le goût sauvage et enivrant de la liberté : "cette sensation qui vous dit qu'on est vendredi soir, qu'on a rien à faire demain et que c'est une fichue belle soirée." (Oh oui !)
Mais dans cette histoire, il est surtout question de perte (de l'innocence), de culpabilité, de foi (en l'homme), de rédemption, et de grâce. Et miraculeusement, tous ces thèmes sont abordés si subtilement que le roman ne tourne jamais au gros pathos bondieusard. C'est juste une célébration un peu triste, mais lumineuse, de l'humanité dans ses failles et ses prodiges. le genre de livre qu'il faudrait envoyer aux extra-terrestres pour leur dire : voilà ce que sont les humains.
J'ai donc adoré (et je suis tombée amoureuse de Michael Farris Smith, que je ne vais plus lâcher), et je sors frissonnante et groggy -mais heureuse- de cette lecture, qui résonnera longtemps en moi comme une chanson de Springsteen.
Avis à tous les écorchés vifs : ce livre est pour vous !
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