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Critique de gruz


gruz
02 février 2024
On peut résumer les histoires et les ambiances de Michael Farris Smith en utilisant les titres de ses romans précédents, ce qui donnera une bonne idée de ce que retrouvera le lecteur dans cette nouvelle histoire pour Sauver cette terre. Un pays des oubliés qui n'ont Nulle par sur la terre où aller, Une pluie sans fin qui s'abat sur eux dans ces noires forêts (Blackwood).

Je n'irai pas jusqu'à dire que l'auteur américain écrit toujours le même livre, mais ses obsessions se retrouvent dans ce nouveau roman, avec La Louisiane et le Mississippi meurtris par des tempêtes et ouragans à répétition, dans une ambiance de fin de monde, de fin d'un monde.

Comme le dit l'auteur dans ses interviews (voir ici sur le blog), il part souvent d'une image imprimée dans sa tête, sans plan préalable. Avec des personnages qui ne trouvent pas (ou plus) leurs places.

Le roman débute, une fois encore, avec une mère et son jeune enfant jetés sur la route, sans rien. On découvrira leur histoire au fil des pages.

Dans une Amérique qui se liquéfie du fait du dérèglement climatique et de l'effondrement du système, où certains n'ont plus que leurs croyances comme espoir, c'est une traque qui se déroule.

Une gourou qui prêche la « bonne » parole, qui profite surtout de la crédulité des esprits perdus, va lancer cette chasse. L'ambiance décrite par la quatrième de couverture pourrait faire penser à un roman fantastique, mais le récit a au contraire les pieds sur terre. le spirituel est dans l'endroit, pas dans les hommes.

L'auteur raconte des histoires ancrées dans la terre, même quand l'environnement se déchaîne. Obligeant les personnages à s'adapter, en mode survivaliste.

L'âme du texte passe à la fois par les protagonistes, emplis de failles et terriblement humains, et par la moiteur de l'environnement. Transpire par eux, cabossés, aux caractères rugueux.

On les retrouve à travers ces endroits de l'Amérique pour lesquels l'écrivain a un lien émotionnel fort. Ce sont ces paysages qui rendent l'ambiance quasi surnaturelle, alors que l'intrigue est du genre réaliste.

Le roman est court, moins de 300 pages, la prose y est brute mais fait émerger une sorte de poésie. La marque de l'auteur.

Il en profite pour égratigner jusqu'au sang les croyances et les manipulations religieuses des êtres en désespérance.

Même si j'ai trouvé la fin trop expéditive, l'auteur sait insuffler de la vie dans ses personnages, courageux à leur manière, il faut dire qu'il ne leur rend pas l'existence facile. Sans le savoir, ils sont tous en quête de rédemption.

Michael Farris Smith confirme son talent à créer des romans noirs, sombres mais terriblement humains. Sauver cette terre, si c'est encore possible ? Ses personnages tentent de trouver une issue, et leurs errances marquent l'esprit du lecteur.
Lien : https://gruznamur.com/2024/0..
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