AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de florigny


Millie, paru initialement sous ce titre en 1973 aux Etats-Unis, a été récompensé la même année par le Grand Prix de la Littérature policière, sous sa première forme française intitulée La poudre aux yeux aux Editions Presses de la Cité. En 1985, feues les Editions NéO ont repris ce roman sous son appellation d'origine contrôlée, avec une traduction de Renaud Bombard, illustré en couverture par Jean-Claude Claeys, dont les pin-up à l'érotisme incandescent ont contribué au succès de la collection. le contenu du roman n'est pourtant pas en conformité avec son emballage aguicheur.


Il s'appelle Alvin Brody, 47 ans, petit, gras et chauve, juif par sa mère, ce qui selon lui, n'arrange rien ; il est agent de presse et puis c'est tout. Il consacre son temps à fabriquer cette monstruosité des temps modernes nommée image de marque ; en d'autres termes il façonne des hommes politiques ou patrons sans aucune envergure ou véreux, trafique leur vie parfois peu reluisante, les rend présentables et surtout éligibles auprès d'une opinion publique américaine dont la mémoire ne va guère au-delà de vingt-quatre heures. Dans cette branche professionnelle, l'odeur de pourriture, de la corruption règnent en permanence, personne ne connaît la décence ou ne fait la différence entre le Bien et le Mal. Lorsqu'un ancien camarade d'université mourant, dont il se souvient à peine l'appelle à son chevet et lui demande de s'occuper de ses imminentes obsèques, al ignore dans quel engrenage il met le doigt avant de se faire arracher le bras.


Les intrigues d'Howard Fast sont toujours simples et universelles. Toujours du côté du plus faible, il épouse les causes les plus nobles, difficiles et quelquefois désespérées des minorités opprimées ; dans Millie il évoque l'apartheid sud-africain et les comités créés pour la libération des Noirs. Les héros d'Howard Fast sont toujours des anti-héros qui n'oublient pas leurs origines d'enfants immigrés pauvres ni les valeurs transmises par leurs parents venus chercher la liberté. Ils rêvent de trouver l'amour, souvent décevant ; dans ce roman c'est bien sûr Millie qui incarne la femme aimée ; elle a rendu à al confiance en lui et restauré sa virilité mais possède aussi une morale bien à elle, un esprit froidement pragmatique, de l'astuce et une intelligence brillante logés dans un corps désirable. Mais pourquoi l'argent et l'amour sont-ils aussi souvent lamentablement liés ? al s'est introduit dans un monde où les règles édictées tout spécialement à l'intention du vulgum pecus n'ont pas cours, où les concepts de moralité ou d'immoralité n'entrent pas en ligne de compte.


Que fait-il dans ce panier de crabes, qui est-il ? Au moment de décisions cruciales où il devra trancher entre l'ombre ou la lumière, quel sera son choix ? Quel regard portera-t-il sur sa réussite matérielle, sa maison de Beverly Hills, sa Cadillac ? Un roman noir lumineux...
Commenter  J’apprécie          20



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}