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Critique de gavarneur


Faulkner a conseillé de lire Sartoris avant ses autres romans, mais c'est par hasard que je l'ai ouvert, convaincu par Meps de me remettre à Faulkner (40 ans plus tard).
Sartoris est le nom d'une lignée de riches propriétaires du Mississippi, dont les derniers n'ont pas complètement digéré la perte de la guerre de sécession. le roman s'ouvre sur le retour du dernier fils, aviateur pendant la première guerre mondiale. Il s'appelle Bayard, comme son grand-père ; son jumeau s'appelait John comme son père. Rongé par la mort de son frère, dont il se persuade qu'il est partiellement responsable, il va vivre comme ses ancêtres avec pour buts le panache et l'exaltation.
On consomme beaucoup de whisky (de fabrication clandestine) dans ce roman, et manifestement la guerre en Europe a transformé en éponges bien des jeunes autrefois pleins d'énergie. Bayard me semble hésiter : est-il un homme invincible ou un disgracié sans rémission possible , rempli de « son incurable désespérance et [de] la solitude de ce destin dont il ne pouvait s'évader ».

Outre la répétition de deux prénoms à travers au moins cinq générations, Faulkner ne facilite par l'identification de ses personnages : de nombreux paragraphes commencent par un « il » et le lecteur doit reconstruire peu à peu le réseau de relations. Si je comprends bien, lire ce roman avant les autres oeuvres de Faulkner permet d'y voir apparaître de nombreux personnages ou familles, mais je témoigne qu'à travers une seule oeuvre l'auteur brosse beaucoup de portraits vraiment intéressants et variés : aristocrates, noirs libérés mais restant attachés à des familles, paysans pauvres, médecins, femmes fortes même dans l'ombre.

J'ai été rebuté au début par l'accumulation des descriptions, la profusion des adjectifs et des adverbes, qui accompagne la lenteur du récit. Je me suis demandé si la traduction n'en était pas responsable, elle date de 1949, avec un vocabulaire parfois désuet, et l'usage permanent du mot nègre par exemple*. Mais je crois maintenant que c'est vraiment le style de Faulkner, qui s'attarde sur les descriptions d'une nature qu'il admire, de ce Sud qu'il aime et qu'on comprend peu à peu. Quel contraste avec sa façon de décrire par de brèves allusions les sentiments de ses personnages taiseux et leur évolution ! Finalement : tout en me demandant assez tôt de quelle façon tragique le récit allait se clore, j'ai été surpris et amusé par l'humour parfois féroce de l'auteur : par exemple dans des remarques franchement anti-religieuses qui ont dû mal passer à l'époque de la publication.

* Savez vous ce qu'est un cache-poussière ?
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