AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Les rouges (21)

Est-ce qu'enfin le grand moment approche . Est-ce que les temps d'autrefois et ceux qui ne sont pas arrivés vont se mêler ? Est-ce qu'enfin Madeleine va assister à la naissance de la République, la Bonne, la Vraie, la Sociale, les assemblées populaires, les votes à main levée, les engueulades fraternelles, une grande conversation générale ininterrompue le jour, une cérémonie perpétuelle la nuit, la révolution permanente sans bureaucrates, le pouvoir pour tous, les smicards ministres, les étudiants députés, les poètes des rues orateurs, la fin de l'esclavage salarié, tous ensemble dans la grande Commune égalitaire ? "De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins". Nous ne sommes RIEN, ensemble nous serons TOUT.
Commenter  J’apprécie          60
Un dimanche matin, Bernard dit à Madeleine : « Écoute, Maman, prépare cinquante journaux pour moi, je vais monter à Cheny. » Il a fait ça toute sa vie, le porte-à-porte, Bébé. Il vend la presse du Parti depuis l’âge de sept ans : « Toc, toc, toc, b’jour, m’dame, je viens vous vendre des journaux contre la guerre de Corée. » Il monte le pont de l’Armançon, le paquet de journaux sous le bras, allègre. Cette envie qu’il a, c’est sûrement que ça va mieux. Au bout de trois portes, une honte terrible le prend. Des images de tortures lui passent dans les yeux. Impossible de continuer. Redescendu rue Édouard-Vaillant, Bébé pleure : « J’ai honte, honte, honte. » Madeleine ne comprend pas. Il lui raconte L’Aveu. La pendaison des onze accusés des Procès de Prague en 1952, la torture. Un étudiant vient de s’immoler par le feu sur la place Venceslas à Prague : Jan Palach. « Le Goulag a fait dix millions de victimes, de l’Ukraine au Kamtchatka. Les morts me murmurent à l’oreille : Bernard, toi, tu es un type bien, dis-nous pourquoi ils nous ont tués. »
Commenter  J’apprécie          40
Au bureau fédéral, Bernard interpelle la direction : « Il ne suffit pas de dire qu’on est le parti de la classe ouvrière, il faut l’être réellement, aller chercher les gars. » Il est mis en minorité. Le Parti qu’il avait dans la tête n’existe pas.
Commenter  J’apprécie          00
Ils regardent un film sur la montée du nazisme en Autriche. Un gamin dénonce ses parents. Les militants nazis n’ont que ce mot à la bouche : le Parti, le Parti, le Parti. À chaque nouvelle occurrence du mot, le malaise augmente dans la salle à manger. On se regarde en coin. Ici aussi, toute la journée, on dit : le Parti, le Parti, le Parti. Au Parti aussi, on demande aux militants de dénoncer les membres de leur famille : on a demandé à la femme de Marty de dénoncer son mari, à Camphin de dénoncer Lecœur, à René de rompre avec son frère. « Et nous, qu’est-ce qu’on ferait si le Parti nous demandait de nous dénoncer les uns les autres, ou de rompre les uns avec les autres ? » demande Madeleine après le film. Camille grogne. « Qu’est-ce que tu vas chercher ? » Mais Madeleine poursuit sa pensée et déclare gravement : « Il faut qu’on se jure que la famille passera toujours avant le Parti, et que rien ni personne ne pourra jamais nous diviser. » Camille, Bernard, Françoise, tous jurent à Madeleine, et vont se coucher tourneboulés.
Commenter  J’apprécie          00
La révolte qui avait commencé par une manifestation d’étudiants à Budapest est durement réprimée. Il est surpris et choqué par la haine des insurgés : « Et si nous n’étions pas du bon côté ? » Ça lui traverse l’esprit à lui, le petit vendeur de L’Huma Dimanche, et ça lui fait mal.
Commenter  J’apprécie          00
Depuis la mort de Staline, les prolétaires communistes, les staliniens de Migennes, ont été écartés et remplacés par des intellectuels et des techniciens des classes moyennes. Georges Laurent qui aide Camille à creuser le trou pour sa maison commente : « Maintenant qu’on est dirigés par des instits et des cadres, on va devenir comme les socialistes : des réformistes. »
Commenter  J’apprécie          00
Le bonheur est complet quand René Millereau est là. L’ex-Commandant Max est comme toujours : élégant, triste et doux. Peu causant. Tout le monde l’aime. Sa popularité est à son comble. Pourtant, il ne parle jamais de la Résistance. Loin, très loin, de cette France pétainiste qui va se raconter ses imaginaires exploits pendant trente ans.
Commenter  J’apprécie          00
Le lendemain, des jeunes gars de vingt-deux, vingt-trois ans, des types des Milices patriotiques formées sur ordre du Parti et qui recrutent un peu n’importe qui, ramènent dix jeunes filles pour qu’on leur coupe les cheveux : « Qu’elles avaient soi-disant couché avec des Allemands. Alors là, avec le camarade Boulineau, on leur a dit : “On va aller ensemble rue Saint-Aignan voir les belles femmes de ces messieurs qui prenaient le thé la semaine passée avec les officiers allemands, et c’est à elles qu’on va couper les cheveux. Après seulement on coupera les cheveux aux p’tites filles.” Et il s’est passé que, quand on est arrivés rue Saint-Aignan, toutes ces femmes qui faisaient les jolis cœurs avec les Allemands kèk’jours avant, elles étaient p’us là. Les bourgeois et les patrons de Cosne, ils étaient partis, leurs commis tenaient les boutiques. C’était pourtant eux les vrais collaborateurs : ils ont été partis trois ou six mois, et puis ils sont revenus. Mais j’te garantis qu’les petites filles, elles ont grandi avec leurs ch’veux. »
Commenter  J’apprécie          00
Le marquis de Vogüe dirige le maquis : « Vogüe, le président des verreries de Saint-Gobain, c’était un antisyndicaliste et un anticommuniste, mais faut dire la vérité, ce Monsieur à l’époque, il était résistant, il était contre les Allemands, il était contre l’occupation allemande de la France. Et c’est chez lui, dans son château, qu’i’y avait tout le matériel des responsables du Cher. Après la guerre, comme de juste, il a repris ses anciennes habitudes et il nous a laissés tomber. Boulineau le disait bien, quand il passait le soir rue de Predelle : “On va libérer le pays, on se bat, on paie le prix fort, et puis après, les ingénieurs, les inspecteurs, les patrons, i’vont revenir nous manger la laine sur le dos, comme si de rien n’était. Ça recommencera tout comme avant, et on sera les dindons de la farce.” »
Commenter  J’apprécie          00
Plus grave, mais pas sans lien : les élites capitalistes entrent dans la mondialisation par la guerre. Une fois encore, le marché de la destruction supplante celui de la production des biens ; la guerre la plus meurtrière que l’humanité ait connue jusqu’alors (dix millions de morts) vient clore par l’extrême violence un cycle dont la logique allait vers la redistribution républicaine des richesses et les avancées démocratiques. De ce coup de force sanglant préparé de longue date par le capitalisme mondialisé belliciste, naîtront la Révolution bolchevik et le nazisme. Le Goulag et la Shoah. Les soixante-huit millions de morts de la Seconde Guerre mondiale.
Commenter  J’apprécie          00






    Lecteurs (49) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Quelle guerre ?

    Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

    la guerre hispano américaine
    la guerre d'indépendance américaine
    la guerre de sécession
    la guerre des pâtissiers

    12 questions
    3190 lecteurs ont répondu
    Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

    {* *}