Les mots, la mort, les sorts

Autant dire qu'il n'y pas de position neutre de la parole : en sorcellerie, la parole, c'est la guerre. Quiconque en parle est un belligérant et l'ethnographe comme tout le monde. Il n'y a pas de place pour un observateur non engagé.

Il me paraît essentiel de remarquer ici que la fascination exercée par les histoires de sorciers tient avant tout à ce qu'elle s'enracine dans l'expérience réelle, encore que subjective, que chacun peut faire, en diverses occasions de son existence, de ces situations où il n'y a pas de place pour deux, situations qui prennent dans les récits de sorcellerie la forme extrême d'un duel à mort.
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..un paysan de Bocage se disant ensorcelé marque qu'il fait sécession d'avec les théories officielles du malheur ou que lui manque la possibilité d'utiliser ce langage(positif ou religieux) pour signifier cette histoire .Dès lors ,il se clôture soigneusement et entre dans l'état de secret.

En 1961, le voisin profita de la maladie de la mort du père Babin pour rendre à Jean de nombreuses visites et le convaincre d'épouser sa jeune maîtresse, lui faisant valoir qu'il lui faudrait se marier pour tenir la ferme quand il la reprendrait à son compte et qu'au demeurant, la jeune fille, ayant "du bien", constituait pour lui un parti fort avantageux. Jean refuse d'abord de résoudre, mais, devant l’insistance du vieillard, il dut se résoudre à décliner cette offre explicitement. Le voisin exprima son dépit sous la forme d'une prédiction pessimiste qu'il fit à la mère Babin : " Dans quatre ou cinq ans d'ici, ça deviendra triste" (dans votre ferme). Trois ans plus tard, Jean recevait ce madrier sur al tête et devenait impuissant au moment où il allait épouser la jumelle de sa belle-sœur.

Un désorceleur parle à une lycéenne sur les sorts.

Naturellement, on ne vous apprend pas ça aux écoles. Pas de danger qu'on vous apprenne.
Dans vos livres, on n'en parlera jamais de ça. Pas de danger qu'on en parle.
Pourtant, malgré vos sciences, vous y croyez.