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Critique de Zoeprendlaplume


C'est quelque chose que j'adore chez Estelle Faye : sa création d'ambiances et d'atmosphères. C'est ce que j'avais adoré dans Un éclat de givre et Un reflet de Lune, plus que l'intrigue d'ailleurs.

Widjigo, c'est donc une ambiance, en premier lieu. Un hiver glacial, d'un froid qui vous transperce la peau jusqu'aux os. Un froid humide; une humidité qui colle à vos habits, qui ne sèche jamais vraiment, qui s'infiltre dans vos blessures, qui vous glace le sang. Dans ce roman, il fait sombre, nuageux, gris sombre, noir.
Et tout est à l'avenant. Les personnages sont perdus, seuls, tristes, épouvantés, en proie à leurs démons et à la sorcellerie à l'oeuvre.
C'est un huis-clos en plein air que nous offre Estelle Faye, dans un univers désolé, glaçant, hostile.
J'ai particulièrement aimé la manière dont l'autrice parvient à relier l'ambiance à l'intrigue.

D'autre part, Widjigo est court, et possède selon moi les attributs d'une novella : il est percutant, rapide dans sa manière d'évoluer, ne se perd pas en chemin. L'autrice a trouvé le bon mix entre le roman et le format court.
Il offre également une structure narrative que j'aime personnellement beaucoup : le récit dans le récit. Sans aller jusqu'à la mise en abyme, cet emboîtement permet un va et vient passé/présent qui fonctionne bien. Cela fonctionne d'autant mieux que le récit emboîtant se déroule sur une soirée dans un phare perdu à Pétaouchnok; il est donc très ramassé mais parvient à déborder de ce cadre temporel avec l'histoire emboîtée avec laquelle il dialogue constamment.

Enfin, j'ai eu la sensation de lire une revisite des 10 petits nègres d'Agatha Christie. Car les personnages sont réunis dans une entreprise un peu louche; sacrée galerie de cas désespérés dont on se doute que leur réunion n'est pas fortuite. Cela permet à l'autrice d'amorcer une plongée dans l'âme humaine, crasse et noire, quelle qu'elle soit.
Le suspense monte doucement mais sûrement, et j'ai lu avec avidité pour savoir qui, mais qui ! était le semeur de cadavres. Alors Widjigo se teinte pendant un bon bout de temps de fantastique, laissant place au doute et à l'angoisse caractéristiques du genre, face à des événements inexplicables. Et lorsque la révélation arrive, Estelle Faye nous plonge dans le merveilleux, et nous offre des rebondissements finaux que personnellement je n'avais pas vus venir du tout. Un final en point d'orgue, là encore qui me fait penser à une fin de novella. Et j'ai refermé le bouquin en me disant que je venais de lire mon roman préféré de l'autrice.
Lien : https://zoeprendlaplume.fr/e..
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