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Critique de PatriceG


Mikhaïl et Raïssa

Vient de sortir chez Flammarion le dernier Fédorovski intitulé le Roman vrai de Gorbatchev. Nous savons le talent de prosateur de l'auteur, nous pouvons ajouter sans crainte sa connaissance de Gorbatchev puisqu'il en fut un de ses lieutenants à l'international.

Tout le monde connaît dans les grandes lignes la percée de Gorbatchev à la tête du parti, du Soviet suprême, de l'Union soviétique pendant 6 ans 1/2 si je ne m'abuse qui vont marquer la chute du communisme à commencer par sa dislocation dans les pays européens. Gorbatchev avait cru pouvoir aller vers un compromis et faire évoluer le pays vers la démocratie, il s'est tout bonnement cassé la gueule et il a été prié de débarrasser le plancher. Difficile dans ces conditions de marquer l'histoire autrement que par la débandade dans ses rangs, déjà la nomenklatura sentant la fin proche du régime pensait plutôt à assurer ses arrières, en d'autres termes, elle préparait ses valises. Il eût été naïf de croire à un sursaut possible avec la perestroika, la glasnost et les purges au sein des anciennes équipes quand tout un système au passé très lourd qui portait encore les stigmates du stalinisme, avait failli. le parti communiste soviétique filait comme une peau de chagrin..

Fedorovski revient sur un peu tout ça et alimente d'anecdotes bien sur ce qu'il a connu lui-même comme grand témoin, de manière assez objective et réaliste surtout. Gorbatchev rompt avec la gérontocratie. Dans les années 70, il est déjà sur les rangs pour briguer le poste de secrétaire général mais reste patient, il croit en ses chances. Elles viendront à la fin des années 80. Mais il n'arrivera pas à juguler les problèmes économiques avec sa réforme de restructuration et à surmonter le mécontentement général de la population avec la glasnost. Des confrontations ethniques s'ajouteront à tout ça.

Le portait personnel de Gorbatchev qui est fait avec sa femme Raïssa, qui, avec sa prestance, son intelligence et sa beauté, aura un impact indéniable dans le pays en termes de popularité et au plan international, est fort sympathique. le couple Gorbatchev forme un vrai couple : ils font connaissance à l'université à Moscou dans les années 50, lui étudie son droit, elle la philosophie, il en pince pour elle, lui venant du sud parlant plus avec ses mains, elle venue de Sibérie est plus réservée, ne parle pas avec ses mains, résiste aux avances du jeune prétendant, non pas qu'elle s'en méfie, mais par éducation. le temps ne va pas être long où ils vont s'aimer tous les deux et ne se quitteront plus. Cette image est attachante. Au plan religieux, il faut noter, aidé en cela par la foi de Raïssa, Gorbatchev qui était athée deviendra orthodoxe.. Raïssa dira qu'ils ont vaincu la bête totalitaire. A la mort de Raïssa en 1999 des suites d'une leucémie, Gorbatchev va connaître un grand vide dans sa vie qu'il comblera tant bien que mal en se rapprochant de sa fille, en Allemagne notamment. Oui, désormais il ne sera plus le même homme... On conservera en tout cas l'image de ce beau couple formé par les Gorbatchev à la tête du pays auquel ils sont étroitement associés dans l'histoire pour avoir été les artisans de la chute du régime communiste qui aura marqué la Russie et au delà d'elle le monde entier pendant 3/4 de siècle, en termes d'influence.

Fédorovski, notre russe le plus français, avait commencé son livre par dire que les occidentaux aimaient Gorbatchev et les russes détestaient Gorbatchev . Je pense qu'il faut être plus nuancé que ça, je terminerai mon billet en disant que Gorbatchev bénéficie en Russie d'une aura de sympathie qu'on le veuille ou non, il a 90 ans, et qu'est-ce qu'on peut lui reprocher dans le fond : d'avoir mis fin au Goulag, aux exécutions sommaires, d'avoir précipité la chute des partis communistes coupables, en Europe et dans le monde et puis chez lui, en général ces choses-là s'arrangent avec le temps, non ? Quand les souvenirs d'un passé bien long sont à vomir ?

Merci Fédorovski d'avoir pensé à cette histoire aujourd'hui qui se lit agréablement, que tu connais bien, le moment n'est-il pas venu de faire la part des choses ?

A chaque fois que je lis un Fédorovski, je tombe au moins sur un chapitre dont je me prends à regretter qu'il ne soit pas doublé par trois comme si son unité n'était pas la bonne et qu'il mériterait à lui tout seul l'amplitude d'un court roman. C'est balayé à trop grands traits pour me ravir pleinement. Ca me fait penser à Philippe de Villiers qui avait reçu chez lui Alexandre Soljenitsyne et qui en avait écrit trois pages seulement dans je ne sais plus quel livre, alors qu'il avait été impressionné par son visiteur de marque.
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