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Critique de Andromeda06


Amateurs de thriller noir et violent ? Ce livre est fait pour vous... Voyez-vous, il y a des livres qui montrent ce que l'homme a de meilleur en lui, ceux dits pleins d'humanité et de sensibilité. Mais pas "Paz", non, lui il n'en fait pas partie, pas du tout. Au contraire, on y voit le pire du pire, et l'auteur ne prend pas de pincettes pour nous le raconter.

Son intrigue se déroule en Colombie, et pour qui connaît déjà un peu l'histoire de ce pays saura qu'il ne sera pas transporté au pays des Bisounours. Les paysages magnifiques et le bleu de l'océan ne font pas le poids face aux guerres civiles, corruptions politiques, cartels de la drogue et assassinats crados. Et c'est dans cette espèce de merdier âprement cruel que Caryl Férey nous jette tête la première. Ses protagonistes principaux, à une ou deux exceptions près, ne sont pas des tendres, juste le reflet de l'environnement brutal qui les a vus naître.

Une série d'assassinats a lieu. Des morceaux de cadavres sont retrouvés un peu partout, jetés sans doute d'un avion, là une jambe, ici un bras ou une tête. D'autres sont retrouvés entiers, mais préalablement découpés à la tronçonneuse et agencés dans des postures qui ne sont pas sans rappeler la Violencia. Ça dégouline rouge de partout, la putréfaction titille les organes olfactifs, le tout nourrissant de bonnes nuits de cauchemars.

Dans cette ambiance qui met en appétit (façon de parler), nous y suivons plusieurs personnages. Lautaro, chef de la police de Bogotá, chargé de cette affaire sanguinolante. Diana, journaliste d'investigation, qui enquête sur le passé trouble de Lautaro. Angel, ancien FARC, à la recherche de sa fille disparue juste après que sa grand-mère ait été assassinée (et dont des morceaux ont été retrouvés parmi tant d'autres). Voilà pour les principaux, mais il y a aussi un patriarche/homme politique et sa femme dépressive, quelques collègues prêts à aider, une femme amoureuse qui ne sait pas dans quoi elle met les pieds, quelques politiques corrompus, trafiquants sanguinaires et flics sans pitié.

Vous voilà parés ! le premier chapitre donne le ton dès le départ. Inutile de vouloir s'attacher aux personnages, on comprend bien assez tôt que, vu l'ambiance, tout le monde ne pourra s'en sortir. Et puis ils sont détestables au plus haut point, pour la plupart du moins. Travaillés ce qu'il faut pourtant mais à la psychologie abjecte, impossible donc de les aimer, même en prenant plaisir à les suivre dans cette intrigue tord-boyau hautement bien ficelée.

Intrigue dans laquelle tout se recoupe, tout est lié, tout se rejoint pour nous offrir un final explosivement sanglant. Intrigue qui ne manque pas d'action, de rebondissements et de révélations. Intrigue grâce à laquelle on visite un pays qu'on ne voudrait pas connaître de trop près.

Narcotrafiquants, gangs mafieux, pochards, escrocs et psychopathes nous servent de guides touristiques dans ce pays qui morfle au quotidien. Haine fraternelle, assassinats odieux, trafic de drogue et violence de haut niveau rythment nos visites à travers tout le pays. C'est cru, tendu, brutal, sanglant, quelque peu trivial, d'une violence inouie.

Et l'auteur de préciser dans ses notes en fin d'ouvrage qu'il a « choisi d'atténuer certains aspects particulièrement violents des drames vécus par le peuple colombien » parce qu'il estimait « que la coupe était déjà pleine » ... ...

J'ai rarement lu un roman aussi "crade", mais j'ai aimé. Il est foutrement bien écrit déjà, le contexte et l'ambiance carrément bien dépeints, l'intrigue ultra-violente mais prenante, les personnages abjects mais ambigus comme j'aime. C'est noir, cruel, inhumain. Je n'en lirai pas tous les jours des comme ça, mais il est certain que je reviendrai vers cet auteur qui ne fait pas dans la dentelle et fait pleuvoir les morts comme vache qui pisse ("Zulu" m'attend d'ailleurs bien sagement depuis quelques mois).
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