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Critique de Polomarco


470 pages d'une sorte d'exercice de style qui repose sur une simple conversation : une conversation d'une soirée entre Gilles André, 49 ans, en instance de divorce, et Pauline Arnoult, une petite trentaine, chacun d'eux étant marié, mais pas avec l'autre. Pas n'importe quelle conversation : une conversation amoureuse. En parallèle, dans le même temps, se déroule une soirée réunissant un groupe d'amis, dont les conjoints de nos deux personnages. le tout donne à l'auteur l'occasion de disséquer le sentiment amoureux, sa naissance, sa vie, sa mort.
Sur la forme, le roman est construit autour d'une conversation en tête-à-tête, entrecoupée de ce qui se passe à la soirée du club. Les dialogues de cette conversation amoureuse ne comportent pas de guillemets. Ils sont insérés directement, ce qui ne facilite pas toujours la lecture. On a droit, en effet, à une multitude de « dit-il », « dit-elle », qui deviennent vite lassants : « Je ne sais pas si je suis capable de l'exprimer ! dit-elle. Essayez, dit-il. Je ne me le rappelle plus, dit-elle. Je sais que vous mentez ! dit-il. Non je vous jure ! dit-elle. Alors faites un effort ! dit-il »  (page 405). L'alternance de forme impersonnelle et de forme personnelle rend ainsi la lecture un peu hachée. Par ailleurs, si la démarche « chaloupée » semble bien appréciée par Alice Ferney (cf. pages 168 et 203 notamment), l'expression « voix d'alcôve » est utilisée à l'excès et certaines phrases ont un caractère pompeux qui fait parfois soupirer le lecteur : « Donc, il possédait une vrille d'ondes ensorcelantes » (page 33).
Sur le fond, il y a peu d'action ; le rythme du récit est donc très lent. le scénario semble peu plausible : est-il vraisemblable que Pauline sorte dîner sans son mari, et sans lui donner davantage de précisions ? de même, les amis de Gilles et de Pauline, personnages secondaires, ont un côté artificiel : ils semblent n'avoir été imaginés que pour leur servir de faire-valoir. On a d'ailleurs du mal à retenir qui est marié avec qui.
La conversation amoureuse, par touches successives, va prendre un caractère de plus en plus personnel, voire intime, comme si les deux futurs amants tournaient autour du pot de l'adultère, de plus en plus près, pour mieux tomber dedans. Tout en conservant le vouvoiement, ils vont parler de fidélité, d'infidélité : « vous n'aimiez pas votre mari ? « (page 182) ; « avez-vous déjà trompé votre femme ? «  (page 183) ; « êtes-vous une bonne maîtresse ? » (page 254). On se laisse prendre par le récit, au risque d'oublier que leurs mensonges mettent à mal leurs liens conjugaux respectifs et que tout cela est bien immoral ...
En lisant cette conversation amoureuse d'Alice Ferney, je n'ai pas pu m'empêcher de penser au sublime Aurélien, où Louis Aragon décortiquait déjà les phases de la vie amoureuse. Mais, dans Aurélien, il y a de l'émotion, ici, il y a du marivaudage. Dans Aurélien, on sent un amour profond, ici, il semble superficiel. Et pourtant, en dépit d'un style qui sonne parfois creux et de circonvolutions qui peuvent agacer, il se dégage de ce livre une forme de magnétisme, qui rappelle que le coeur a ses raisons que la raison ne connaît pas.
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