« Elle mesurait l'étendue de son désir à l'idée de le quitter sans savoir quand ils se reverraient. Etait-ce de lui dont elle avait besoin ? Ou bien de
la conversation amoureuse et du regard d'un homme ? »
Début de soirée :
" Car il la trouva vraiment désirable. Parce qu'elle était son genre de beauté, et bien plus que celà, une odeur, une peau, un secret, qui étaient faits pour lui plaire, qui venaient s'ajuster point par point à son désir... "
Qu'il est difficile de faire part d'un récit dont on ne sait pas si le plaisir l'a emporté sur l'ennui ou si la déception a gâché la grâce des mots.
Rencontre :
" Ce que j'aime, c'est son envie de coucher avec moi. C'est l'attiser. C'est sa curiosité "
Alice Ferney sait écrire bien... Indubitablement. Ses mots sont choisis, précis, évocateurs et l'envie de citer des passages revient inlassablement.
Cette conversation amoureuse est faite de mots... ceux qui sont dits, ceux qui sont tus, mensonges et vérités, silences, malentendus.
A table :
" On aime au-dehors de son mariage, non pas parce que son mariage se porte mal, mais parce qu'il nous faut un jardin secret. "
Variations autour du même thème."Etre amoureux est un état, aimer est une action.L'attirance est subie, mais on choisit de lui donner ou non une suite." confie Alice en interview.
Au fil des pages, on se prend à réfléchir à soi. Alors on lit comme on se regarde dans un miroir qui ne sait pas mentir. Troublant et magnifique...
Au plus fort de la fête:
" Elle voulait être aimée, et que celà fut affirmé, répété, avec les mots qui lui convenaient, et sans avoir à rien demander. "
Conversations dans lesquelles on voit les destins se nouer et se dénouer, les vies se faire et se défaire, les mensonges masquer les vérités, les gestes conforter ou trahir les pensées, les sentiments, les pulsions…
On se surprend à etre agacé par le rythme un peu lancinant de ce bal des dupes.
En plein mensonge:
" Elle ne voulait pas perdre cet homme. Mais elle ne voulait pas le gagner si vite. L'horloge des femmes et celle des hommes dans l'amour n'ont pas les mêmes aiguilles. "
Alice Ferney est touchée par les différences de situation pour les femmes et les hommes. Elle insiste...
Hélas, Hélas, trois fois Hélas, le propos n'avance plus. Les mots qui nous charmaient viennent se noyer dans l'ennui.
Au téléphone:
" Sa présence était si obsédante qu'elle devenait réelle, et celà descendait en haut des cuisses, toujours cette chose ronde et chatouillante qui faisait frémir l'eau en elle. "
L'adultère comme un piège délicieux... Vouloir ne pas y être tombé, mais ne pas vouloir en échapper.
La lecture de ce roman, également... On supporte moins bien les trop nombreux "dit-il, dit-elle, pense-t-il, pense-t-elle " qui sautent littéralement aux yeux... Mais on ne peux abrégere cette conversation.
Au lit:
" Enfin, il l'attrapait, elle était à lui. Elle se laissait envahir comme une terre ouverte à la mer.Il avait éveillé la femme, elle voulait être aimée. "
L'écriture d'Alice est fine, intelligente, délicate, clairvoyante et singulière.
Elle est aussi lente, bavarde et émaillée de clichés (Tous les hommes devant un match de boxe à la tv... navrant...).
Des années plus tard:
" Comment faites-vous pour vous passer de moi ? disait-elle. Je pense à vous, disait-il, vous allez bien, je suis content, ça me suffit. "
Le livre ne m'est pas tombé des mains (je fais l'impasse sur l'édition et son format peu pratique ). Il fallait que j'aille au bout de la dissection.
Désagréable impression d'un talent d'écriture gâché par des "manières" ou peut être une volonté de trop vouloir bien faire...
S'il n'y a pas de fin...:
" Je voudrais tellement que vous soyez heureuse en pensant à moi."
Je relirai
Alice FERNEY, c'est certain.
Je rêve de me laisser embarquer par la grâce de son style débarassé de tous ses petits défauts qui ont rendu cette conversation un peu trop lénifiante pour être passionnante.