Marcel Pagnol a écrit L'eau des collines en deux parties, la première
jean de Florette, la seconde
Manon des sources.
Jacques Ferrandez a décliné graphiquement ces deux parties en deux tomes. Il s'agit ici de l'intégrale reprenant les deux tomes.
Jacques Ferrandez met en images la
Provence et les personnages de
Marcel Pagnol. Challenge difficile car des images existent déjà et sont souvent dans notre inconscient collectif. Images du films de
Marcel Pagnol lui-même,
Manon des Sources, images des films de Claude
Berry Jean de Florette et
Manon des Sources. Pour la petite histoire, le film de
Pagnol faisait plus de 4 heures avec deux parties Manon des Souces et Ugolin. Il a dû faire des coupes pour donner un format visible en salle. Ce n'est qu'après que
Marcel Pagnol écrira sa première partie, c'est à dire
jean de Florette.
Jacques Ferrandez réussit à traduire la rudesse du climat, le dur labeur des paysans travaillant avec des moyens manuelles avant la massification de la mécanisation. Son graphisme nous donne à voir la flore de la garrigue, ses couleurs traduisent la chaleur et l'intensité du soleil, ce soleil qui est omniprésent et un acteur non négligeable de l'histoire.
Jacques Ferrandez met en avant l'ambiguïté d'un personnage comme Ugolin, faible pantin dans les fils d'un marionnettiste diabolique, le manipulateur Papet. Ugolin est le bras armé du Papet mais il ne peut s'empêcher d'admirer
Jean de Florette pour son érudition, qui est un peu frustre, mais aussi pour son courage et sa détermination. Ugolin se sent proche de Jean mais à chaque fois le Papet le ramène vers leur réalité : acheter la ferme des
jean de Florette et rendre la vie à la source bouchée.
Pagnol nous avait montré dans son histoire que l'étranger ne vient pas forcément d'un autre pays. Ici il suffit de venir d'une autre vallée, de venir de la ville pour ne pas être accepté. Nous retrouvons tout cela sous les traits du dessinateur.
Jacques Ferrandez a su rendre un bel hommage à
Marcel Pagnol à la
Provence et à ses rudes paysans. Je le verrai bien illustré un des romans de
Jean Giono,
Regain.
Une nouvelle fois, j'ai été impressionné par le travail graphique de Ferrandez et sur sa capacité adonné vie aux paysages.