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Critique de beatriceferon


Une grande fête est organisée à l'occasion des quarante-cinq ans de Flavia Carpenter, la mère de Juliette. Toute la famille sera réunie et ce n'est pas courant, car les motifs de discorde ne manquent pas et les disputes sont fréquentes.
Juliette a réalisé une appétissante charlotte aux fraises. Chacun apporte sa fiole de cognac, car la tradition veut qu'une grande carafe mélange tous les alcools en symbole d'union.
Le déjeuner est joyeux. Tous ont l'air de bonne humeur.
Notre Juliette se réveille en fin de nuit sur une plage inconnue. le sable est humide et glacé. Ses mains sont poisseuses de sang et elle n'a aucun souvenir de la manière dont elle est arrivée là.
C'est dans le cadre d'une Masse critique spéciale « Mauvais genres » que le roman de Christophe Ferré était proposé. J'avais lu avec plaisir, il y a quelques années, « La petite fille du phare ». Ce nouveau titre m'a donc attirée.
D'emblée, on se trouve projeté dans une scène effrayante. Quel contraste entre cette riante après-midi de printemps, ce décor raffiné : villa cossue, jardin fleuri, délicate vaisselle de Limoges, verres de cristal, joyeuse atmosphère de fête et les coups de feu qui font voler le calme en éclats, tandis que le sang ruisselle sur la nappe et le parquet.
Dans le chapitre suivant, Juliette se réveille, désorientée et frigorifiée, pressentant que quelque chose de grave s'est passé, mais elle a perdu la mémoire. Quelques bribes de souvenirs remontent péniblement à la surface : le gâteau, les bougies, la joie de la fête, le bruit des détonations, les taches rouges sur le linge blanc.
L'enquête peut alors commencer et elle s'annonce très compliquée. Tout tourne autour de Juliette Carpenter, personnage central, témoin d'une tuerie sauvage et qui, pourtant, ne peut rien en dire en raison de son amnésie. C'est une passante d'abord, les gros titres de la presse ensuite qui lui révèlent la terrible vérité. Sa famille a été décimée. Une seule survivante : elle. Une personne disparue. Qui ? Elle l'ignore.
Juliette va donc entamer des recherches de son côté, car elle a l'impression que Gilbert Loiseau, le juge d'instruction, patauge lamentablement et ne sait par quel bout prendre l'affaire.
Pas d'effraction. Pas de cambriolage, donc. Qui serait assez stupide pour s'introduire, en plein déjeuner festif dans une villa remplie de monde ?
Peut-être Juliette est-elle la meurtrière et a-t-elle occulté son acte ? Ou ne serait-ce pas sa mère ? Elle est introuvable et son couple battait de l'aile.
Un cauchemar pour Juliette qui se retrouve seule au milieu d'une foule de suspects et ne sachant à qui faire confiance.
Le juge me semble outrepasser ses droits en révélant à la jeune fille des éléments de l'enquête qui devraient rester secrets. La malheureuse va sentir le sol se dérober sous ses pieds en découvrant la face cachée de ses proches qui ne sont guère reluisants.
Vincent, le frère, paraît être une brute égoïste qui, dans le passé, s'est rendu coupable d'un acte abominable, dont il n'a pas l'air d'éprouver le moindre remords.
Dorian, l'oncle, est un escroc qui ne pense qu'aux femmes et à l'argent.
Franck, l'amoureux, a toujours mille choses à faire, alors que sa belle aurait bien besoin d'une épaule secourable.
Isabel, la grand-mère, ressasse un souvenir amer qui a brisé sa vie et dont elle a peut-être voulu se venger.
Lucia, la meilleure amie, se comporte de manière si étrange qu'on pourrait la soupçonner de ne pas avoir la conscience tranquille.
Enfin, le beau et gentil (trop gentil?) pompier qui a secouru la jeune fille, ne tarde pas à en faire un peu trop et à se montrer encombrant.
Le passé de la famille est bien lourd, lui aussi. Luis et Isabel Gomez, les grands-parents, sont des réfugiés politiques qui ont fui la dictature argentine.
L'auteur fait de nombreuses références à des affaires judiciaires dont certaines sont célèbres, telle celle de Xavier Dupont de Ligonnes ou celle de Jean-Claude Romand. D'autres m'étaient inconnues : les tueries de Chevaline et du Grand Bornand. Cela m'a intéressée de les découvrir.
Il voue une grande admiration à Hitchcock, auquel il rend plusieurs hommages, dont certains me semblaient inutiles dans cette histoire. Je pense, par exemple, à une scène dont, il faut le reconnaître, le suspense est intense et tient le lecteur en haleine. Sauf qu'elle n'a aucun rapport avec notre affaire.
Je reprocherais aussi les longueurs et les répétitions qui m'ont pesé.
Quant aux invraisemblances, elles sont légion ! Par exemple, je n'arrive pas à comprendre comment les voisins n'ont pas entendu la fusillade. Lorsque les invités arrivent pour le goûter et trouvent porte close, ils sonnent, appellent et tambourinent tant et si bien qu'une dame ouvre la fenêtre et échange quelques mots avec eux. En revanche, elle n'a pas perçu les tirs. Bizarre. Un silencieux ? Mais non, puisque Juliette, qui s'était assoupie après le déjeuner a été réveillée par le bruit de l'arme.
Un homme qui a pris un coup de marteau en pleine figure court comme un cabri quelques minutes plus tard. Une voiture, poursuivie par un tueur, s'arrête soudain au milieu de nulle part et la conductrice entame tranquillement un brin de causette avec la passagère.
Sans parler d'une phrase clef de l'intrigue, en espagnol, dont on nous donne une traduction tout à fait fantaisiste. Même moi, qui ne parle pas cette langue, j'avais compris.
J'ai donc lu le roman avec un certain plaisir, je ne le nie pas, mais mon avis sera quand même très mitigé à cause des éléments qui m'ont dérangée et que j'ai énumérés plus haut.
Cela ne m'empêche pas d'exprimer ma reconnaissance à Babelio et son opération Masse critique que j'attends toujours avec impatience, ainsi qu'aux éditions de l'Archipel qui m'ont offert ce roman.
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