L'homme aux pâtes

Comme elle, les lèvres d'Aurore avaient la fraîcheur acidulée de la fraise des bois et de la framboise sauvage, mais y mêlaient, en un somptueux camaïeu de goûts et de parfums, le piquant de la mûre, et l'arôme entêtant de la vanille, et le velouté de l'abricot, et sa peu avait une douceur de pêche, et sa langue audacieuse le vif de la groseille, et mes paumes se risquaient à caresser ses pommes de seins, et ses yeux effilés en amande se fermaient et s'ouvraient sur les prunellesnoisette, vigiles incrédules, incertains de devoir protéger un fruit rare défendu, elle était liane, elle était lierre, elle était menthe, je la rêvais amante, et l'infernale torture que m'infligeait le rythme lent des hanches donnait à ce baiser le pouvoir démoniaque de me laisser un peu plus assoiffé quand j'aurais cru, naïf, boire du petit lait et pouvoir m'en désaltérer…